brusque ; peu commode ; sérieuse ; sarcastique ; intelligente ; loyale ; indépendante ; dictatrice ; entreprenante ; plus douce / agréable avec certaines personnes ; plutôt incapable de montrer ses bons côtés ; sociable lorsque nécessaire ; rabat-joie ; sportive.
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Alors qu’elle était profondément endormie, un mouvement tira Estelle des bras de Morphée. Elle avait le sommeil léger, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de maudire la personne qui n’arrêtait pas de bouger plutôt que sa propre incapacité à ignorer ce genre de chose. Elle était encore trop endormie pour se préoccuper de la raison qui expliquait la présence d’une personne dans son lit. «
Service de chambre ! » Voilà qui mit fin à toute tentative de faire la grâce matinée. Un soupir traversa ses lèvres alors qu’elle se retournait pour pousser l’autre personne en dehors du lit dans la ferme intention de le forcer à aller répondre à la porte. Ses yeux à peine entrouverts remarquèrent néanmoins un détail qui sortait de l’ordinaire : une bague. En moins de deux, la demoiselle était relevée en position assise, les yeux grands ouverts fixant le bijou qui trônait sur son annuaire et bien sur elle tenait le drap contre son corps cachant ainsi sa probable nudité. Elle n’était pas particulièrement pudique en temps normal, mais ce n’était pas un ‘temps normal’. «
Un... Un instant. » Sa voix sonnait étrangement pâteuse - signe d’une soirée bien arrosée comme si les marteaux qui lui frappaient la tête n’étaient pas suffisants, mais elle trahissait surtout sa surprise, évidemment. Se tirant hors du lit sans jeter un regard au type qu’il y avait dans les couvertures, Estelle se dépêcha d’enfiler un peignoir pour aller ouvrir la porte. Une jeune femme se tenait alors devant elle, plateau à la main. Se contentant de la dévisager sans rien dire, elle tenta simplement d’assimiler ce que l’employée lui disait : «
Bon matin ! C’est un cadeau de la maison pour les nouveaux mariés ! Puis comme vous n’aviez pas mis d’écriteau j’ai pris la liberté... » Visiblement, son expression n’encourageait pas l’autre demoiselle à continuer. Tant pis, elle n’était définitivement pas d’humeur à se montrer agréable. Sans attendre que son interlocutrice se ressaisisse, la journaliste s’empara du plateau en marmonnant un merci avant de refermer la porte. Elle était à peine réveillée et elle avait déjà des envies de meurtres, la journée commençait définitivement bien. Cela dit... elle, mariée ? C’était une histoire à dormir debout, c’était tout simplement n’importe quoi !
S’installant à la table, elle commença à se servir sur le plateau, mangeant tout ce qui lui plaisait, rechignant expressément tout ce qui se rapprochait d’un fruit. Profitant de l’occasion, elle jeta un coup d’oeil à... son mari. Il n’était pas moche, dieu merci, et ce n’était pas un inconnu non plus. Non, il avait fallu qu’elle jette son dévolu sur un collègue, qui plus est un ancien camarade au collège. Terminant de manger, elle prit un verre et le rempli d’eau avant de le verser sur le jeune homme : «
Lève toi. » On voyait tout de suite la délicatesse qui lui était propre. Le jeune homme râla pendant un moment avant de l’attraper par le bras et tenter de l’entrainer dans le lit. Machinalement, Estelle se campa sur sa position avant de lui dire : «
Lâche-moi. » Toujours autant d’humeur massacrante, elle ne comptait pas le laisser s’amuser. «
Tu étais plutôt partante hier, allez... » Elle se dégagea rapidement avant de trancher, son ton n’invitant pas à la réplique : «
Peut-être avec plusieurs verres dans le nez, mais c’est terminé et crois moi je ne resterai pas mariée avec toi bien longtemps. » Déjà un divorce alors qu’elle n’avait que vingt-trois ans, qu’est-ce que ses parents diraient... Enfin, c’était toujours mieux que de rester marier à un collègue.
[...]
Séoul, ce n’était pas la première fois qu’Estelle y mettait les pieds, mais elle sentait bien que les choses avaient changé depuis qu’elle y était venue, il y avait de ça dix ans. Si elle était maintenant, ce n’était pas grâce à des vacances avec ses parents, mais plutôt un offre d’emploi. Elle devenait la correspondante officielle de la capitale coréenne pour le
New York Times, chargée tout particulièrement d’enquêter sur la famille Bang, la mafia de la ville. Elle avait sauté sur l’occasion pour se sauver de son mari et de le forcer, à distance, à signer les papiers du divorce ce qu’il n’avait toujours pas fait alors qu’ils étaient mariés depuis un peu plus d’un an au grand damne de la demoiselle.