20 novembre 1984, ma naissance, qu’ils disent.
Le jour le plus affreux de l’existence de mon père, le jour où son propre fils, le dernier qu’il aura, avait tué sa femme. Est-ce que c’était ma faute ? Allez savoir. Je me le suis toujours reproché, né dans la mort, y’a mieux quand même. Mais voilà , pour lui j’étais responsable.

23 décembre 1992, un Noël pas comme les autres.
À huit ans, tout ce que je demandais c’était une petite voiture pour jouer, c’était si difficile ? On était trois garçons, un seul adulte et il aucun d’entre eux n’était foutu de fêter noël. Je venais à peine de faire mes huit ans... jour d’anniversaire de la mort de ma mère, on est allé sur sa tombe ce jour-là et puis c’est tout.
Pour Noël, j’ai eu un beau spectacle, mon père était ivre et il avait ramené une femme à la maison, dans un état lamentable. Ils étaient tous les deux minables, je n’étais pas en âge de comprendre à cette époque, mais, Young Il, mon aîné de 4 ans m’avait emmené dehors et on avait passé noël prêt d’une bande de clochards, un noël pas comme les autres, mais c’était toujours mieux que rien.

15 juin 1997, mes premières conneries.
Des petits vols sans gravité, faire sonner l’alarme des voitures, protéger mes amis quand ils en avaient besoin, j’étais déjà le plus fort du lot, à chaque fois. Faut dire qu’à se bagarrer avec mes frères... si je voulais quelque chose j’avais intérêt à me faire entendre moi aussi.
Puis j’ai rencontré ce vieil homme, qui m’a enseigné ce qui plus tard devint ma passion, les arts martiaux, une passion qui tournait aussi autour de la danse et qui a bien dérivé depuis.

6 janvier 2001, le dérapage.
Young Il était en prison, trafiquant de mes deux, mais... il avait le mérite d’avoir toujours été clean. Il fallait bien ramener de quoi manger depuis que l’vieux dépérissait à vue d’oeil. Bientôt, il allait bouffer les pissenlits par la racine à ce rythme. Mais ce n’était pas lui qui était parti et qui m’avait abandonné lâchement. Sung Il, celui qui avait toujours été droit, mon frère, le plus jeune des deux... il était parti comme ça, mort à cause de sa santé fragile, on n’avait jamais eu les moyens de le soigner, mais on faisait tout pour que ça marche et il avait abandonné. Le jour de son enterrement, j’avais pleuré comme un pauvre chiot. Young Il avait eu le droit de sortir, accompagné de deux flics puis, je m’étais battu avec notre père... je ne l’ai plus revu depuis.

Aout 2006, le renouveau
Moi, j’étais le petit dernier, j’avais fini mes études enfin, jusqu’au bac au moins, j’avais réussi à entrer dans une école de danse jusqu’à me faire virer parce que je m’étais accordé quelques folies avec une prof... si elle se laisse faire aussi, est-ce que c’est vraiment de ma faute ? Bref, je crois qu’en fait j’essayais de m’occuper plus qu’autre chose, je savais faire milles et une chose, on m’avait souvent dit à l’école que si je me donnais à fond je pouvais faire bien plus que simple prof de danse. Et c’est ce que j’ai fait, mais je crois que ce n’est pas vraiment dans la voie qu’ils auraient voulu me mettre... enfin, c’est toujours mieux que rien et c’est beaucoup plus efficace. Je n’ai pas vraiment de but dans la vue encore aujourd’hui je sais ce que je veux sur l’instant, mais dans l’avenir, non, aucune idée. Je crois aussi que j’aime le risque, alors ça m’arrange. J’ai toujours été un séducteur incorrigible, les femmes mariées, les filles de mon âge... les difficiles et les plus chaudes... enfin, c’est comme ça que j’ai fini par me faire remarquer par la mafia.

Mai 2008, le problème
Je suis un homme à femmes et... parfois quelques hommes en veulent aussi, enfin, ça ne me dérange pas. Il parait que je suis bizarre... il parait que j’ai un problème et j’en suis conscient. J’ai essayé de me soigner, mais la façon qu’ils ont de le faire ne me plait pas et quand on entre dans la mafia, on ne veut pas de dossier... on est quelqu’un d’autre, on doit être presque inconnu dans ce genre de groupes... j’ai une addiction sexuelle, c’est un rituel, c’est un besoin auquel je me soumets chaque jour... parfois le soir, parfois la journée, il faut qu’au moins une fois je m’amuse. Je n’ai jamais forcé personne... est-ce que je suis vraiment accro ? Je ne sais pas.

Voilà, c’est à peu près toute ma vie. Je suis loyal, je vole, je teste la marchandise... puis je la mets sur le marché, j’ai suivi les traces de Young Il en fin de compte, mais je n’ai pas fini comme lui, parait qu’en étant devenu une balance... il est mort, la tête dans les chiottes... si je n’ai pas pleuré pour lui ? C’est parce que je le savais que ça finirait comme ça. Mais, ça ne veut pas dire que je le regrette, c’est mon frère, oui... il l’est toujours. Je suis mac, officiellement je dirige une classe de petits cons qui veulent apprendre les arts martiaux. Je n’ai jamais forcé ces demoiselles à venir à moi, généralement il n’y a pas besoin, elles viennent puis elles acceptent de faire ce que je dis... dans l’espoir qu’un jour peut-être elles feront partit della famiglia, mais elles sont toutes fades... mais au moins, là, j’ai vraiment l’impression de vivre.