Je n’étais pas celui qui avait instauré cette règle, mais... je la respectais, alors que la plupart ne le faisaient pas, même temps, le sale boulot c’est de devoir trouver les personnes de confiance, de devoir se mouiller à en parler le premier... puis de savoir qui permettait de telles demandes à ses gens et qui avait décidé de jouer avec eux le temps qu’ils puissent donner leurs corps... autant chercher une aiguille dans une botte de foin. J’avais pensé à un piège au début, mais il y avait une seule personne à ma connaissance qui se mouillait autant que moi et qui « libérait » autant de personnes que moi, alors... c’était assez rassurant.

« Oui, je risque gros... mais je mens parfois... pour qu’on me laisse tranquille. Dire que lui à trop de fracture à son actif ou que la demoiselle est un peu trop fragile pour supporter, les morts... c’est pas ce qu’on préfère même si la plupart s’en fichent, si trop de personnes disparaissent... c’est pas bon pour le business... et moi on me laisse faire parce que si on raconte que ça peut être un boulot temporaire... plus de gens rentrent dans le réseau... bref, j’essaye de faire sortir, mais... ça sert pas à grand-chose, je suis pas assez puissant »

Puis, on en était venu à parler de son travail pour moi, du fait que demain il serait sous mes ordres... tu parles d’ordres, j’essaye de limiter la casse encore une fois. J’essayais de lui dire que c’était presque sur, que c’était arrangé, mais il s’inquiétait plus pour moi que de savoir avec qui il travaillait et j’en étais assez surpris, surtout en le voyant rougir, en fait... c’était... mignon ? Dans un certain sens, ouais. Je me suis mordu la lèvre, je l’ai attiré contre moi puisqu’après ça il a demandé à dormir contre moi. C’était bizarre, mais c’était ok...

Une chose en entrainant une autre j’ai parlé de mon problème et il était content d’avoir pu m’aider, mais dans ses mots je sentais l’hésitation... même temps c’était pas commun de dire ça à un inconnu... plus si inconnu que ça. J’ai eu peur un instant qu’il interprète mal, alors je me suis levé un peu brusquement en lui disant que ce n’était pas transmissible, ça m’a contrarié qu’il réagisse si peu, est-ce que si ça avait été un autre ça aurait été pareil ? Ou bien... il était malade et lui c’était transmissible ? Je n’osais même pas poser la question... peut-être demain, quand... je l’interrogerais par rapport aux conditions.

Quand je me suis rallongé, je m’étais détendu, oubliant un peu ces conneries pour passer un moment agréable pour une fois, dormir sans avoir la peur de me réveiller en plein milieu de la nuit parce que je n’arrête pas de penser à ce problème. Ses dernières paroles me firent sourire, je le serrais un peu plus contre moi.

« Un jour, on quittera ces boulots toi et moi »

Une promesse, une espérance plutôt, je ferais tout pour, mais je n’en étais pas certain. Je m’endormais comme ça, j’étais vraiment bien, j’avais de nouveaux projets grâce à lui et j’essayais toujours de mener à bien ce que j’avais en tête.

[...]

Le lendemain, je me réveillais le premier, j’entendais des jeunes dans le couloir, des cris, puis... finalement j’ouvris les yeux me défaisant doucement de l’étreinte de Jung Min pour ensuite me lever, m’habiller et aller acheter de quoi manger. Quand je suis revenu, il s’était réveillé, j’avais posé le sachet de croissants sur la table et je m’étais assis à côté de lui.

« Tu as bien dormi ? Ah... »

Je me grattais la nuque en voyant l’étant de son dos, il était griffé et il avait des bleus... ça c’était pas toléré chez moi. J’allais dans la salle de bain deux secondes, prendre une serviette que je trempais dans de l’eau chaude avant de lui dire de ne pas bouger pour la lui passer dans le dos, jusqu’au haut de ses fesses où s’arrêtait le drap.

« Je ne pense pas que ce soit moi... m’enfin, de toute façon... tu dois avoir mal... tu veux manger un peu ? »

Je lui tendis un croissant en même temps que je passais la serviette contre lui, commençant à me sentir mal à l’aise, il était vraiment beau et... je pouvais comprendre qu’on se l’arrache, m’enfin... ça ne devait pas être une raison valable pour lui sauter dessus et je me retenais, encore. Finalement cette fichue maladie était belle est bien présente, j’étais comme... je me sentais bête d’avoir cru au conte de fées juste un instant, mais au moins... il avait su m’aider alors peut-être qu’il y arrivera encore.

Je devais lui parler d’une sorte de contrat entre nous... quelque chose qui nous permettrait de nous voir... en dehors de ses heures de travail, quelque chose qui arrangerait tout le monde en fait sans éveiller les soupçons... ce serait vraiment pas mal, mais encore fallait-il qu’il accepte.

À l’entendre soupirer comme ça, je me disais que j’avais bien fait d’aller chercher cette serviette pour la lui passer dans le dos. Il mangeait tranquillement et moi je me demandais quant-est-ce qu’il allait me décrocher un mot, parce que pour l’instant je parlais tout seul même si je ne disais pas grand-chose. Finalement il m’a demandé si c’était comme ça avec tous mes gens et j’ai voulu rire, mais il l’aurait peut-être mal pris, alors, je lui donnais une petite tape sur la fesse.

« Je mentirais si je disais que non. Y’a des personnes qui viennent travailler pour moi et qui sont dans des conditions tellement pitoyables... que j’ai du faire bien plus que les masser. Mais... une fois qu’ils sont remis, je m’arrête. Si tu es sage, je ne m’arrêterais pas. »

C’était plus dans le sens... « Je n’ai pas envie de m’arrêter avec toi » que je disais ça, alors « soit sage » pour que je puisse continuer à te traiter comme ça, ne me prend pas pour un idiot et tout ira bien. Mais je pense qu’il ne le ferait pas, du moins j’espère. Puis, comme ça, je perdis mon sourire, je pensais que peut-être la seule personne que j’aimais bien avait été victime de ce c*nnard de mac pour qui il travaille et qu’il avait choppé quelque chose d’irréversible, ça... je serais vraiment sous le choc, je crois, une chance j’vous dis... ce serait pas croyable.

Il l’avait remarqué d’ailleurs que j’avais changé en deux secondes et il m’avait demandé s’il devait savoir quelque chose. Je n’ai pas répondu la première fois, me massant la nuque. J’étais assez mal à l’aise de lui demander ça.

« Oui... il y a des conditions... mais, avant ça... je voudrais te demander... tu n’as aucune maladie irréversible, n’est-ce pas ? »

Ça faisait partit de la « procédure », mais c’était aussi pour savoir, pour moi, non pas que je m’inquiétais d’avoir choppé quelque chose, franchement avec toutes les merdes que j’ai déjà ce serait peut-être préférable que je crève plutôt que je continue ce combat, même si pour une fois j’avais envie d’essayer.

« hm... sinon il y a quelques règles, pas de coup foireux entre nous, aussi bien toi et moi qu’avec les autres, je considère qu’on est tous dans le même bateau... même si je suis le patron, concrètement... mais si jamais je dois intervenir, je dois tout savoir ce qui concerne le boulot. Si vous êtes maltraités, je donne un avertissement au client, si on vous casse quelque chose, je le bute, je compte aussi sur vous pour dire que c’était de la légitime défense... je vous sers de bouclier, en fait. »

Je cherchais dans ma tête, regardant un peu en l’air en prenant le bas de mon visage entre mon pouce et mon index.

« Aussi, vous devez exiger une protection, interdit d’embrasser, par précaution, interdit les blessés, même une griffure, vous refusez et si le client n’est pas d’accord, c’est avec moi qu’il faudra voir. Les photos sont interdites, les vidéos aussi, si on vous trouve quelque part sur le net je m’en occuperais. C’est radical, certains diront que c’est trop, mais c’est peu cher payé pour une partie de jambes en l’air... il me semble. »

Si on traitait les gens avec un peu plus de respect, déjà ce serait plus simple, mais non, il faut toujours que d’autres êtres humains s’en prennent à ceux qui sont plus bas sur une échelle sociale pour pouvoir les martyriser à souhait, si c’est pas ridicule... depuis quand on juge un homme par rapport à ses biens ou à son travail ? Ça m’a toujours écœuré et ça... j’en ai été victime, comme tout le monde une fois dans sa vie à moins de naitre avec une cuillère en or dans la bouche...

Je m’étirais doucement, m’allongeant sur ses jambes, si je me permettais de le faire c’est parce que ça ne lui ferait pas mal et... ce n’était pas comme si je me l’appropriais, il fallait que je lui parle de cette proposition... il fallait que je lui dise, mais d’abord je devais être certain qu’il travaillerait avec moi, quand ce sera officiel, je pourrais le lui dire.

« Tu devrais aller prendre une douche, j’irais parler à ton patron... en attendant, quand je reviendrais, on parlera d’autre chose, mais ne t’inquiète pas, je ne suis pas du genre à t’imposer ces choses-là... alors... tu auras le choix. »

Mais il n’avait pas le choix de travailler pour moi, je ne permettrais pas qu’il subisse d’autres traitements comme j’ai pu constater avec les bleus et les marques en tout genre sur son dos et la plupart de son corps. Rapidement, je piquais une moitié de croissant, me relevant, un peu plus détendu, bientôt tout serait en ordre pour moi comme pour lui, espérons simplement qu’il n’y aura pas de retombées, même si je doute que l’autre idiot puisse faire preuve d’assez de jugeote pour m’avoir. Une fois de plus, je lui tapais sur la fesse, à travers le drap toujours et sans lui faire mal, juste pour le pousser un peu, même si je pouvais comprendre qu’il avait envie de rester au lit.

« Tu auras tout le temps de faire des grasses mat’ aussi... puisque le client paye la chambre pour son partenaire... c’est lui qui vire, pas toi. »

Je ne comprenais pas pourquoi il souriait si tristement, mais mieux valait que je ne pose pas de question, j’aurais tout le temps de le faire après. Je me grattais la nuque lui demandant s’il avait des maladies et apparemment non, il se faisait surement dépister régulièrement et il était apparemment ok à ce niveau-là, chose assez surprenante avec l’autre abruti, mais vu qu’il était, puisque maintenant il sera à moi, l’attraction principale... en quelque sorte, et bien... il devait faire attention, je suppose, plus qu’avec les autres.

J’en venais donc aux conditions et je voyais qu’il était inquiet par rapport à ce que je faisais à ceux qui cassaient des membres, mais en même temps... ce n’était pas comme si j’adorais ça, le plus souvent, l’avertissement était en parole, ensuite, il y avait une balle perdue... dans un bras, ou une jambe, puis si vraiment ça recommençait, c’était la tête... et ça, ça ne pardonnait pas. J’ai du tué, comme tous les mafieux pour prouver que j’étais capable de le faire, que j’étais pas un lâche, même si je trouve ça très lâche en vrai d’abattre quelqu’un qui ne porte pas l’arme, en pleine tête... comme ça, de sang-froid. Enfin, ce n’était pas le sujet, il acceptait apparemment, alors je lui disais la suite. Ah... j’étais vraiment étonné par ses réactions, souriant légèrement au compliment, c’était pas que j’étais pas habitué, non, en fait c’était juste que je ne m’y étais pas attendu, c’est comme ça à chaque fois, je me vois tellement mal aussi... je me sens tellement sale...

« Ah, pas toujours, parfois y’a des dérapages... c’est pour ça que je dois me faire respecter... je ne te dis pas de quelle façon, je pense que tu sais déjà ce qu’on fait à ceux qui n’obéissent pas... et pour le vouvoiement, laisse tombé, d’accord ? On a quoi ? Le même âge ? Un an ou deux de différence ? Appelle-moi Shiki, comme tout le monde, c’est mieux. Sauf si tu veux... tu veux peut-être que je t’appelle différemment ? Ou... tu veux m’appeler, bref, tu m’appelles comme tu veux en fait »

Je m’embrouillais tout seul et c’était assez bizarre, je relevais un sourcil ne comprenant pas moi même pourquoi est-ce que j’avais pensé à savoir s’il voulait qu’on s’appelle différemment ou pas... un détail bête, mais utile quand même dans la vie de tous les jours.

J’allais sortir de la chambre, mais il m’a retenu, je me suis à peine retourné qu’il m’avait embrassé, je restais vraiment con, c’était un merci ça ? Ah... j’en voulais tellement plus... mais je devais faire attention et je fermais les yeux un instant avant de le laisser, il ne valait mieux pas que je m’attarde. Pourquoi j’avais demandé à ce qu’il aille prendre une douche avant que j’aille voir son patron ? Parce que je lui aurais sauté dessus je crois et je n’avais pas vraiment envie de lui faire partager mon angoisse et mes crises, comme il avait pu le constater hier. Je me mordis la lèvre puis... finalement après deux trois paroles et un bon coup de poing qu’il m’avait mis, il a accepté, c’était sa compensation on allait dire... compensation pour lui enlever « Micky » mais en réalité, j’enlevais surtout Jung Min de là.

En revenant, je le trouvais là sur le lit en train de dessiner je ne sais quoi. Mon arcade saignait un peu, je l’épongeais avec un vieux mouchoir dans ma poche, mais j’étais assez souriant, donc ça devait le rassurer. J’avais mis une demi-heure, à peu près ? Quelque chose du genre, puis je suis allé m’asseoir à côté de lui, regardant du coin de l’oeil ce qu’il était en train de dessiner.

« Bon, aujourd’hui t’as quartier libre, disons que tu as déjà bossé cette nuit et que tu es novice sous mes ordres... et puis, je voulais te faire une proposition, je dis bien proposition parce que là, tu as le choix »

Je n’avais pas l’habitude de sauver les coqueluches de mes enfoirés de collègues, ils étaient mieux traités que la plupart de leurs autres employés... bref, je me grattais la nuque et j’essayais de penser à autre chose, c’était complètement fou ce que j’allais lui proposer, surtout après lui avoir demandé s’il n’avait jamais pensé à prendre la fuite.

« Alors... je voulais te demander en fait... on s’entend plutôt bien, pas vrai ? Bah... si tu ne voulais pas plutôt... m’aider, tu devrais... avoir d’autres clients, sinon je risque d’avoir des problèmes et de te mettre en danger... mais... tu serais d’accord, pour m’aider ? »

En fait, je devais lui dire autre chose qui pourrait justifier ce que j’étais en train de demander, mais je ne sais pas si j’avais le courage de le faire, c’était assez gênant, même si j’avais confié plus hier soir, ce n’était pas la même ambiance, pas d’alcool, pas de mots doux, je n’avais pas changé, lui non plus juste qu’on était un peu plus lucides et surtout, mieux réveillés, pas fatigués comme hier.

« Je... tu m’as... vraiment aidé hier... et au pire, si ça ne te convient pas... tu travailleras comme les autres... tu fais ce que tu veux en fait, c’est juste que... c’était... différent entre toi et moi hier soir... »

Je déglutis difficilement, le regardant assez mal à l’aise, c’est fou ce que je me sentais con d’un seul coup. Alors... je m’installais un peu mieux sur le lit, dénouant un peu ma cravate.

Comme pour moi... oui, j’espère qu’il y en avait une pour moi et une efficace... parce que personne n’a trouvé, ce n’est pas déclaré comme une maladie apparemment... et comment ils expliquent les troubles sexuels alors hein ? Ça existe bien et ça c’est officiellement sur papier que ça existe... bref, on était allé dans un parc, apparemment Jung Min n’avait pas trop faim et... on parlait, comme ça, de tout et de rien, pour nous changer les idées et oublier un peu qu’on était patron et employé dans un réseau mafieux.

Je souriais comme un idiot quand il parlait de cuisine, non vraiment j’avais de la chance moi... c’était pas croyable. Je ne sais pas cuisiner convenablement alors pour le satisfaire, ça allait être difficile même s’il disait que tout et n’importe quoi lui conviendraient, je ne me risquerais pas à lui faire manger n’importe quoi ! D’ailleurs, quand j’ai répondu il était surpris... je comprenais pourquoi et je bégayais presque.

« Ah... oui en fait, je voulais te faire un petit quelque chose... mais tu es sur et certain ? Quoi que ce soit ? Tu sais, les pâtes à moitié cuites c’est vraiment pas bon ! »

Apparemment il aimerait tout ce que je lui ferais et je déglutis difficilement en voyant le double sens, même si pour lui il n’y en avait peut-être pas, c’était plus difficile de lutter avec lui, j’avais l’impression, sauf quand on parlait d’autre chose ou qu’il n’y avait pas trop de quoi faire allusion à ça...

Mine de rien on s’était rapproché et je lui avais dit ce que j’aimais, puis, ce qui me passionnait avant de ne remarquer notre proximité et de nouveau déglutir, retrouvant un air semi-sérieux... je n’aimais vraiment pas cette proximité... et je dévorais ses lèvres du regard, c’était très mauvais ça ! Je voulais lui répondre, mais... on nous coupa et même si je n’appréciais pas la personne, j’étais quand même content de pouvoir me dégourdir les pattes. Je lui donnais donc une bonne correction à lui et à ses hommes avant de revenir vers Jung Min qui m’avait pris par la main pour me trainer ailleurs, un autre endroit que je ne connaissais pas et qui était vraiment charmant. Je lui souris, riant presque à sa question.

« le chocolat est un aphrodisiaque... je vais éviter, mais, merci »

Ah bah... fallait s’y attendre, il m’avait tellement tenté que je n’ai pas pu m’en empêcher ! Il fallait que je fasse attention. Je me mordis la lèvre, retrouvant mon sérieux une fois installé, inspectant les lieux d’un bref regard pour vérifier que personne n’allait nous casser les pieds, avant de gratter le coin de la carte plastifiée que chacun avait pour lui répondre... vu qu’il n’avait toujours pas eu de réponse.

« Je sais que c’est difficile, mais... ce n’est pas parce qu’on est différents qu’on ne peut pas s’entraider... et plus si affinité... tu vois ? Enfin, c’est ce que je pense... donc, en fait, oui... je pense que oui... mais nos situations ne changent qu’une seule chose entre nous »

Et ce n’était pas des moindres, m’enfin, c’était déjà bien de pouvoir se voir régulièrement sans qu’on nous suspecte de quoi que ce soit, en plus, même si c’était bas ce que j’allais dire, on me suspecterait moins... et puis je pense que je l’appréciais assez pour ne pas me servir de lui, je n’en avais pas besoin en fait, je voulais juste qu’il m’aide et puis je voulais le connaitre.

« c’est juste qu’on doit faire attention, c’est tout... sinon, ça peut parfaitement coller, non ? »

J’avais envie de lui dire qu’il me rendait fou avec ses questions, mais j’avais peur qu’il le prenne mal et qu’il ne pense que je sois un pervers, un obsédé ou toute autre chose du genre, il n’aurait pas tort de le penser, car dans un lieu pareil, aussi beau, doux et tous les bisounours qui vont avec... j’avais très envie de lui sauter dessus... mais je devais faire preuve de self-control et j’en avais un à toute épreuve, fort heureusement et qui n’avait failli à sa tâche qu’une seule fois... espérons qu’il n’y ait pas de deuxième !

Je me grattais la nuque, commandant pour moi en demandant à Jung Min ce qu’il voulait pour pouvoir le lui offrir, avec un maigre sourire, essayant de changer de sujet de conversation, car celui-ci était assez douloureux, il me faisait un peu trop réfléchir...

« C’est déjà... un début, non ? Pour l’instant, je t’offre un café, un gâteau, un chocolat et ce que tu veux en fait... puis plus tard, j’essaierais d’en faire... mais profite plus de ce gâteau... parce que les miens n’auront vraiment pas le même goût... »

J’avais envie de rire, mais j’étais encore assez nerveux et je me contentais de rester calme, comme je l’étais d’habitude, sans pour autant me refermer non plus, ce n’était pas mon genre. Je soupirais, soufflant sur mon café, en espérant qu’il m’aide à tenir jusque-là, oubliant évidemment de mettre le sucre et toussant pour ne pas recracher ce que je venais d’ingurgiter...

« J’ai fait plus de connerie en une journée avec toi que quand j’étais un p’tit voyou, sérieux, comment, c’est possible ? »

Je n’en revenais pas ! J’étais vraiment choqué, j’oubliais ma tête en fait avec lui, je ne voyais que ça, je redevenais un gosse ou bien... je réfléchissais trop, ça dépendait, mais il me faisait vraiment perdre mes moyens, j’en restais vraiment bête, moi qui aime avoir le contrôle et être toujours très sur de moi... bah c’était vraiment raté, j’avais l’air d’un abruti complet !

Je restais bête, il était en train de rire, je n’aurais jamais pensé être aussi comique, bon, c’était voulu bien sur, mais j’avais tellement peu l’habitude que j’en souriais moi aussi. La conversation changea et... finalement, je bottais deux ou trois c*l pour revenir vers Jung Min qui m’entraina aussitôt ailleurs. Bon, c’était normal, mais au moins il pouvait être certain qu’on ne nous enquiquinerait plus, pas lui en tous les cas ni ses gorilles, qui ne servaient pas à grand-chose d’ailleurs. Je le laissais donc faire, je voulais m’excuser pour le bordel, mais... c’était un mal pour un bien, mieux valait qu’il reste avec moi en fait plutôt qu’avec lui.

Jung Min me proposa un chocolat et je me mordis la lèvre, non, vraiment. Je lui dis que non et il avait l’air mal à l’aise, alors je souriais faiblement, j’avais peur que ça ne recommence, je luttais pour que ça ne le fasse pas maintenant.

« Ah, tant mieux, ça veut dire que ça ne t’a pas beaucoup marqué, c’est mieux comme ça »

Je n’avais pas envie qu’il soit au petit soin avec moi juste à cause de cette connerie, ce serait bête, ça n’aiderait pas, je pense, et puis de toute façon je savais qu’il ne ferait pas ça. J’avais le don de le faire rougir apparemment et je me sentais un peu mieux, puisque depuis le début je disais beaucoup de bêtises, bah... apparemment ça marche, il était totalement rouge, c’était... mignon ? Je voulais lui faire la remarque, mais il valait mieux éviter, sinon, soit il le prendrait mal, soit il n’allait plus me décrocher un mot !

« De rien, tu as du chocolat partout ! »

Je ris à cette vision, c’était trop adorable, comment un mec pouvait avoir une bouille pareille ! Je veux dire, il était pourtant très masculin mine de rien et hier soir... puis, en le regardant là... ah, non, ne pas y penser, vraiment, c’était me tenter ! Je frissonnais légèrement, me changeant les idées et je n’en eus pas besoin puisqu’une cuillère de fraise à la chantilly apparue sous mon nez. Je la dévorais presque, c’était froid, c’était vraiment bon, essuyant de ma langue le coin de ma lèvre ainsi que le dessus pour ramasser ce qui avait débordé, l’observant sagement tout en touillant mon café dans le vide avant de tousser parce qu’il n’y avait pas de sucre.

Comme je disais, je ne faisais que des conneries ! Et ça lui plaisait en plus ! Question déstabilisante, j’arquais un sourcil, est-ce qu’il m’intimidait ? C’est vrai ça, je ne me suis pas posé la question, allez savoir si c’était ça.

« Je ne pense pas, je ne sais pas en fait, mais quoi que tu fasses apparemment ça marche très bien ! »

Je lui souris, buvant maintenant mon café sucré que je lui montrais en le remerciant d’ailleurs, avant qu’il ne pose LA question. J’étais redevenu à peu près sérieux, me grattant la nuque, un peu nerveux. Je m’amusais soudainement avec la tasse, puis relevait à moitié mon visage vers lui.

« On va dire ça... j’ai eu une famille, ma mère est morte à ma naissance, mes frères aussi et... j’ai un père que je refuse de voir... qui s’est plus préoccupé de sa tune et de ses femmes que de sa propre chair... »

C’était peut-être pour ça au fond, le voir avec toutes ces femmes... que j’étais dans le métier ? Elles m’avaient fait plus de peine que lui, j’imagine... et surtout, j’avais peur d’être comme lui, de reproduire le même schéma... je n’étais pas un pervers à la base, mais je l’étais devenu... à cause de cette foutue maladie, comment était-elle arrivée d’ailleurs ? Peut-être dès le début, avec ce métier ? Ou... avec un évènement ? Je ne sais pas... mais ça me dégoute.

« Et... et toi, tu as une famille ? »

J’espérais qu’il avait quelqu’un pour lui, quelqu’un qui l’aime profondément et sans arrières pensés, qui essaye de le sortir de là, mais vu qu’il y était depuis un certain temps, je l’avais même remarqué à plusieurs reprises avant de l’approcher... et bien, j’en doutais un peu. C’était vraiment dommage parce qu’il méritait qu’on le soutienne, lui plus que d’autres peut-être... les autres, dans un sens, s’ils étaient condamnés, ils savaient ce qui les attendaient et puis, ils se fichaient pas mal... vu qu’ils étaient prostitués... lui, il a un truc comme moi, quelque chose qu’on ne sait pas encore bien soigner... et qui dure, et dure, sans qu’on ait espoir d’en crever ou d’en guérir, un entre-deux difficile à assumer.

Il fallait que je pense à autre chose. Je mordais donc dans mon gâteau glacé à la fraise. Je me régalais, c’était vraiment délicieux, j’en léchais presque ma cuillère pour ne pas en perdre une miette ! Mais... non, je préférais donner un morceau au lieu de ça, à Jung Min, histoire de partager. Même si je savais qu’il ne pouvait pas faire la même chose, tant pis, je voulais qu’il profite. Vraiment, si je cuisine quelque chose d’aussi bon, il pleuvra plus que de l’eau, je crois... des vaches, des cochons, des grenouilles et tout le reste.

« Au fait, tu m’apprendrais à dessiner ? Je t’apprendrais à danser en échange »

Risqué, mais j’avais envie de pouvoir l’aider, autant en avoir les capacités, on ne sait jamais si jamais j’avais le talent pour, l’acharnement, c’était sur, je l’avais... après le reste, est-ce que ça ne pouvait pas compenser ? Je ne sais pas. Je lui souris, changeant en fait de conversation, j’avais... perdu quelque chose de précieux, ma famille, même si je n’avais jamais été très proche d’eux, je les aimais... mon frère mort à cause de sa santé fragile... tout particulièrement... je soupirais, essayant de sourire pour qu’il ne pense pas que ma vie était aussi triste que celles des pierres...

Il était encore plus rouge ! C’était vraiment adorable, il s’essuie et je l’aide aussi, parce qu’il ne peut pas voir où il en a alors que moi oui. Je prends un malin plaisir à le taquiner en lui disant qu’il en restait à droite, qu’il brulait, qu’il refroidissait jusqu’à finalement qu’il n’en ait plus. Puis, on a chacun gouté une part du gâteau de l’autre. En fait, c’était bien que je le lui rappelle de temps en temps que... je ne peux pas tout faire comme tout le monde, enfin, certaines choses bêtes qui ne m’empêchent pas pour autant de vivre, la preuve, éviter un gâteau sur cinq, c’était pas la mort non plus, puis je pouvais en prendre, le problème c’était ce que ça pouvait réveiller, je ne voulais pas prendre de risque, j’avais déjà du mal à tenir.

Jung Min avait l’air content de lui, bon, il avait de quoi, c’était vraiment pas tous les jours qu’on « impressionnait » un mafioso, mais bon ! Et il avait changé de sujet en parlant de famille. J’ai frissonné quand il a posé sa main sur mon bras, me grattant la nuque en retrouvant un minimum le sourire pour ne pas l’inquiéter.

« ça va, c’est pas comme si c’était récent et puis... en fait, c’est pas grave, c’est comme ça »

Je lui retournais la question et je m’étais trompé, en fait il faisait tout ça pour sa grand-mère et je parierais mon petit doigt qu’elle ne savait pratiquement rien de tout ça... lui aussi il avait l’air d’être triste, je comprenais ce qu’il avait ressenti quand j’avais répondu... Aish, fait pas cette tête.

« Je t’aiderais si tu veux... j’ai assez sur mon compte en banque pour pouvoir t’aider »

Je ne l’avais jamais fait avec quelqu’un d’autre, même si de temps en temps je dépannais mes gens, c’était pas la même chose, Jung Min, il ne demandait pas et j’étais presque certain que même s’il était dans le caca, il ne demanderait pas... c’était bien ça le problème, dans un sens il était un peu comme moi.

Comme ça, pour parler, je demandais s’il voulait m’apprendre à dessiner et il avait accepté, alors c’était cool, je lui apprendrais à danser, même si c’était plutôt risqué, mais autant essayer de prendre des risques en limitant les brulures, c’était mieux.

On est sorti, tranquillement, j’ai payé, et puis... on a atterri près d’un point d’eau, une sorte de petit pont comme ça, ou on pouvait s’asseoir avec au bout une balançoire, pas mal du tout comme coin ! Alors qu’on marchait pour arriver au bout, il m’avait pris les mains et m’avait regardé dans les yeux en me demandant c’était quoi mon rêve... j’en avais vraiment aucune idée, je n’ai pas eu le temps d’y réfléchir et, je regardais en l’air en aspirant mes joues pour mieux les faire sortir, jouant en fait avec ma bouche le temps que je trouve une réponse qui me correspondait le mieux.

« Je crois... que c’est le même que le tien, enfin, peut-être, c’est d’être libre »

Libéré, ouais, c’était bien ça ! Libéré de ma maladie, de la mafia... me reconstruire une vie plus saine, quelque chose de normal, de sans problème, je pense qu’il comprenait, en fait on en avait souvent parlé depuis hier, comme quoi on ne s’était pas trouvé pour rien. C’était rare que je tombe sur les bonnes personnes, tellement rare que je me méfiais toujours un peu...

« Et toi, si c’est pas ça, qu’est-ce que c’est ton rêve à toi ? »

Pouvoir intégrer une école d’art, peut-être ? Je l’aiderais, si jamais j’arrive à peindre... alors je serais toujours là pour lui... c’était aussi simple que ça, puis en attendant, je pouvais simplement lui servir de modèle. D’ailleurs je voyais son carnet dépasser et je le lui pris rapidement sans l’arracher pour qu’aucune feuille ne se perde ou ne se déchire. Je regardais en faisant en sorte qu’il ne me le reprenne pas, allant m’asseoir sur la balançoire à deux places, assez grande d’ailleurs, j’imagine qu’il y avait pour toutes les tailles...

« Ouais, vraiment, tu dessines vraiment bien... oh....OH ! »

Je le regardais comme s’il était un extraterrestre, clignant plusieurs fois des yeux pour être certain que j’avais bien vu, alors que j’avais loupé ça quand je l’avais vu dessiner ! Comment c’était possible ? En fait, derrière l’une des pages, bien caché sur le dessin qu’il avait fait ce matin, il y avait... deux corps entrelacés qui ressemblaient fortement... à nous... en fait ! J’étais choqué, il dessinait vraiment bien, mais en plus il notait tout ? J’étais curieux de savoir s’il faisait ça avec tous les autres, mais, je n’allais pas poser la question, de toute façon je le verrais si c’était le cas et il me semble que non, il devait vraiment... attendez...

Je souris comme un idiot, le regardant d’un air vraiment... malicieux et plein de sous-entendus.

« Tu n’as pas dit que tu dessinais les choses que tu aimais Hun ? »

Bizarrement, j’avais plus envie de rire, sans me moquer bien sur, parce que c’était évident que moi aussi j’avais aimé, juste qu’il devait être mort de honte ! En plus il y en avait plusieurs, des tous petits dessins, certes, mais plein de détails ! Ah, j’étais vraiment surpris, je riais à m’en tenir les côtes, essayant de ne pas trop faire de bruit.

« Je ne te savais pas comme ça ~ »

Ce n’était pas une promesse que je faisais, c’était plus, je voulais vraiment l’aider, alors... sans même promettre, j’allais le faire quand même, je me grattais la nuque, faisant la moue, le regardant d’un air « de toute façon, t’y échapperas pas », mais bon, j’allais le rassurer sinon, j’avais l’impression que j’aurais droit à un drame.

« Mais... je peux quand même aider non ? Sans pour autant me ruiner... tu sais, j’ai de l’argent, beaucoup d’argent et il ne sert pas à grand-chose et comme je ne dépense pas beaucoup... autant dire que je peux me permettre... ‘fin, comme ça tu pourrais... être un peu plus tranquille »

Lui et cette vieille femme qu’il aimait énormément, je ne savais pas ce qu’elle avait, mais elle était vieille... et elle s’était occupé de lui, alors, elle était quelqu’un de bien et elle méritait qu’on s’occupe d’elle comme il fallait, ce n’était que mon avis, un avis de mafieux... mais un avis quand même.

Quand on est sorti, il m’a posé une question et j’étais content j’avais vu juste, mais j’aurais préféré qu’il ait d’autres projets que ça, c’était tellement dommage qu’on se retrouve tous les deux comme ça ! Mais, c’était comme ça et j’allais pas m’en plaindre, bref, tout ça pour dire qu’au final, il me donnait l’impression qu’il y avait plus qu’une simple partie comme hier soir et encore plus à ce moment, parce qu’il voulait aimer quelqu’un... et qu’il ne voulait pas, je crois qu’il parlait de moi, je ne suis pas sur.

Pour changer de sujet, je lui pris son carnet, riant aux éclats en voyant les dessins alors qu’il se cachait, c’était pas comme si j’allais le crier sur les toits ! Et puis j’avais encore vu juste avec cette phrase comme quoi il dessine ce qu’il aime, c’était plutôt flatteur ! Je me mordis la lèvre quand il se mit à bouder, criant un « maiiis » avant de s’enfuir. Je voulais le rattraper par la main, mais je manquais de m’étaler, il était allé trop vite et moi trop lentement, alors je l’ai rejoint sur la balançoire et il faisait la moue.

« Ah ! Ne fais pas cette tête, je voulais te dire... moi aussi j’ai aimé, j’ai été surpris de voir à quel point tu sais bien dessiner... ce genre de... détails... »

Je voulais me moquer encore, mais cette fois-ci par prévention j’ai tenu sa main.

« Ça va, ça va, j’arrête maintenant. Mais ne le prend pas mal, ça reste entre nous de toute façon, à qui est-ce que j’en parlerais de cette façon ? À mes copains mac ? Il n’y a qu’avec toi que je peux en parler, donc rassure-toi »

Je n’étais pas certain que ce soit le problème, mais au moins j’essayais de trouver. Je lâchais doucement sa main, nous faisant balancer lentement en soupirant, m’amusant encore à gonfler mes joues ou les aspirer, juste parce que je réfléchissais à quoi faire. Non pas que je n’avais pas d’idée, mais je n’étais pas très doué pour faire sourire les autres quand je les mettais dans l’embarras... c’était aussi la première fois que c’était volontairement... que je l’embêtais comme ça !

« Tu sais, c’est bien que tu l’as dessiné en fait... parce que, même si je n’oublierais pas... c’est comme si... tu avais signé cette fois-là, comme si je ne devais pas oublier, tu vois ? »

Je me grattais la nuque, en fait je ne savais pas comment dire ça, c’était juste qu’il avait la preuve comme quoi cette fois-là était consentante et... des deux côtés, comme quoi... j’étais en accord avec moi-même et il avait été d’accord lui aussi pour ça...

Un frisson faisait mumuse avec ma colonne vertébrale tout à coup. Pas qu’il faisait froid, mais ça redevenait sérieux et ça ne me plaisait pas trop, j’aimais bien moi cette ambiance feutrée en fait... alors, je changeais encore une fois de conversation, je ne sais pas pourquoi je changeais autant, j’avais peut-être peur qu’il en apprenne trop sur moi, ou sur ce que je commençais vraiment à ressentir ? Je ne sais pas.

« On est vraiment bien là, tu as souvent mené des gens ici ? »

Je ne pensais pas, mais je voulais savoir, pas que je serais jaloux... mais... non, en fait c’était bien ça, je serais totalement jaloux... alors j’étais curieux, il fallait que je sache s’il avait aimé quelqu’un d’autre, s’il avait des vus sur quelqu’un, si j’étais vraiment... quelqu’un pour lui, enfin, s’il le croyait... j’avais tellement peur de le décevoir que je restais encore secret à propos de mes sentiments même si jusque-là j’avais dit plus de choses positives à ce sujet que négatives... j’étais vraiment un boulet sentimental moi... ça devait changer, et vite, avant qu’on ne me prenne pour une chiffe molle ! Enfin, je n’allais pas pour autant devenir insensible et faire comme les autres, je devais... faire comme d’habitude et rester insensible même si ça ne me plait pas. Pourquoi je pense à ça maintenant moi ? Je peux me relaxer là... alors je devais profiter.

« Milky, pourquoi... est-ce qu’il a fallu qu’on se rencontre comme ça, hm ? Tu n’aurais pas pu faire autre chose ? Je ne sais pas... tu n’aurais pas voulu être flic et m’arrêter plutôt ? Comme ça je ne t’aurais pas fait de mal... ni à toi, ni aux autres... »

Je soupirais, trouvant ça vraiment très bête, mais s’il avait été flic en même temps, ça aurait été plus simple, il m’aurait coffré, j’aurais pris, je ne sais pas combien de temps de prison... et je serais sortis comme neuf, sans avoir dénoncé personne... pour pouvoir continuer ma vie, sauf que je n’aurais plus été un mafieux puisque je me serais fait pincer ! Et... le fric en plus, chacun sa planque... à la sortie... je serais allé chercher mon pactole et... mais POURQUOI je pense à ce genre de choses ?!

Il n’avait pas l’air de vouloir arrêter de bouder et j’avais un peu de mal à m’exprimer sur comment lui dire en fait, que je ne voulais pas me moquer, que c’était gentillet... finalement je cherchais la raison pour laquelle il était autant en colère, mais je ne trouvais pas vraiment, alors je lui dis simplement ce que ça représentait pour moi tout ça, ce dessin et puis... apparemment ça a marché, il était un peu plus calme et je me sentais bien mieux, je pouvais soupirer enfin ! Je m’en serais voulu de l’avoir vexé alors que... pour moi aussi ça représentait quelque chose, c’était ça peut-être qu’il voulait entendre ? Je lui souris comme un idiot, une première fois, c’était vraiment... je n’aurais pas pu imaginer mieux ! Enfin si... s’il était tombé sur moi dès le départ c’était bien mieux aussi, mais je n’allais pas me plaindre. Je le laissais prendre ma main, légèrement plus anxieux, mais je ne disais rien.

Je changeais de sujet en fait en essayant de savoir s’il emmenait d’autres personnes et ça trahissait peut-être cette jalousie naissante... puisque comme un c*n j’avais répondu...

« Oh vraiment ? »

Avec un petit sourire tellement heureux que s’en était suspect... vraiment, comment j’allais faire maintenant pour tout garder quand il y aura du monde ? Enfin, je pense que j’en serais capable, parce qu’à risquer gros, autant être prudent, et je n’avais pas envie de l’apprendre en le perdant, donc... je n’avais pas le choix.

Il m’avait confié, comme ça, qu’il avait rencontré ici son premier amour et... c’était bizarre parce que, ça me disait quelque chose... à bien y réfléchir, il y avait je ne me souviens plus de l’adresse... qui s’était fait secoué violemment par des plus grands et ça m’avait énervé... je le regardais, vu qu’il avait tourné la tête violemment et... par curiosité en fait...

« Maintenant que tu le dis... je passais souvent dans un endroit comme celui-là pour évider à un garçon de se faire taper dessus... je tapais pour lui et puis lui il soignait mes bleus... tu vois, déjà à l’époque... mais c’est bizarre... à bien y repenser... il te ressemble... »

Je me grattais la tête, je m’en souvenais à peine, mais, je sais que j’avais assez apprécié la douceur de ce bonhomme pour le traiter comme une fille à l’époque... grave erreur, je crois que c’était pour ça, que j’avais découvert ma bisexualité... et que je n’étais plus passé par là après avoir mis une bonne raclée aux autres... mes frères avaient été... assez chiants avec ça, réaction de mec, je suppose... mais bon, je suis comme je suis.

Finalement, j’en venais à dire que j’aurais préféré qu’il me boucle, qu’il soit flic et ça lui a fait peur... puis il a dit que ça ne se serait pas passé comme ça, j’y réfléchissais en fait.

« On ne sait pas, parce que tu n’es pas flic... mais tu es tellement adorable... que tu aurais écouté... et je n’aurais pas bronché, parce que je sais que ce que je fais comme métier est mal quand même... tu n’aurais pas été un mauvais poulet je pense, c’est dans ton tempérament, tu es quelqu’un de bien Jung Min »

J’avais quand même confiance en lui, en fait, même si je ne lui disais pas directement, je lui faisais confiance, assez pour mettre ma vie entre ses mains dans ce genre de cas. Il m’a regardé, comme ça... puis il m’a demandé à ce qu’on se fasse une promesse alors... je me suis concentré et je suis resté bête, autant le dire... quand il a fini par cracher le morceau.

« Jung Min... si on met tout en règle d’abord, d’accord ? Qu’on ne fasse pas ça... comme on l’a pensé au début... et risquer de se faire tuer un jour où l’autre... »

Je voulais être certain parce que sinon, c’était peine perdue, même avec toute la volonté don je pouvais faire preuve il y avait des choses... affronter la mafia comme ça, c’était signer son arrêt de mort et le mien quoi.

« Mais... promis, un jour on quittera... tout ça »

Sans aucun risque, ou moindre comparé à ce qu’on voulait au départ. C’était amusant de se dire qu’au départ, nous étions parti pour une nuit... et qu’au final, on était presque sur le point de faire un bout de chemin ensemble. D’ailleurs, je souris légèrement en pensant à comment il était au début et... maintenant.

« Micky est super différent... il est beaucoup plus violent... quand il ne connait pas, je peux comprendre... mais je suis surpris. J’avais un tigre dans les bras et je me retrouve avec un chaton... mais, je ne me plains pas... un chaton, c’est mignon ! »

Je ne pus m’empêcher de rire, me reculant doucement pour qu’il ne puisse pas m’attraper pour se venger, tout en tenant quand même sa main au cas où il déciderait de partir. C’est à ce moment-là que j’ai vu son collier, quelque chose de banal, un cordon avec des menottes... c’était... quelque chose de super familier.

« Ce collier... est-ce que... ça ne serait pas un petit garçon qui te l’a donné... quand tu t’es mis à pleuré parce qu’il s’est... battu ? »

Vu ce qu’il m’avait raconté, en fait, je me demandais si on ne s’était pas déjà vu quand on était petit, mais impossible de me souvenir de son prénom, c’était comme s’il avait été effacé par mes frères... après toutes ces filles qu’ils m’avaient fait rencontré pour que je change d’avis... m’enfin, j’étais bi, pas homo... et je ne vois pas ce que ça aurait changé que je le sois de toute façon, ça ne fait pas une personne... mais ça je l’ai compris après, j’ai été bête de croire en mes frères parce qu’ils étaient plus vieux, même si l’un était plus sensible que l’autre et plus à même à me dire que ce n’était pas grave pour lui. S’ils me voyaient, ils se retourneraient tous dans leurs tombes les pauvres...

On en était venu finalement à parler de flics et Jung Min croyait vraiment que j’étais quelqu’un de bien, moi je pense que je ne suis simplement pas le pire... mais j’ai fait des choses qu’on ne peut pas pardonner... et même si on me pardonne, moi je ne le ferais pas, je m’en voudrais toujours. Il m’avait pris la main et j’avais frissonné, c’était vraiment dangereux de faire ça. Je serrais donc les dents avant qu’il ne parle de promesse et on était bien d’accord, tout devait être en règle avant qu’on ne quitte tout ça, sinon, c’était pas la peine. J’étais rassuré, il n’allait pas m’embarquer dans une connerie de poursuite infinie, c’était déjà ça non ?

Je me demandais, comment ça se faisait qu’il était aussi attachant... il était tellement différent en fait en début de soirée que je me demandais comment c’était possible d’être aussi proche comme ça, d’un seul coup et plus j’y pensais, plus je me disais qu’on devait s’être déjà rencontré, dans une autre vie peut-être ? Je ne sais pas. J’ai ri comme un idiot après avoir parlé du fait qu’il soit différent et je m’arrêtais d’un seul coup, monsieur devait être susceptible et c’était bien mignon.

« Mah... je sais, je ne suis pas comme ça avec tout le monde moi non plus... mais j’ai juste un peu plus de mal que toi. Et puis, j’aime, comment tu es avec moi... »

Je m’arrêtais en regardant son collier avant de lui demander si ce n’était pas un garçon qui le lui avait donné... le collier était un peu plus court nous avions grandi depuis, et finalement... il me demanda si c’était moi, je comprenais que c’était bien Jung Min que je défendais étant enfant et je souris encore une fois.

« Apparemment c’était bien moi oui... »

J’approchais ma main pour retourner le collier, on pouvait lire B.H.S, mes initiales, il n’y avait donc aucun doute, quant à sa question, je me grattais la nuque...

« Ah... c’est compliqué... je n’ai pas voulu te laissé... mais, j’ai fait le c*n en parlant à mes grands frères de toi... et ils m’ont demandé d’arrêter de t’aider... les bagarres et les feintes ont suivi... bref, je ne pouvais pas vraiment lutter contre mes frères du coup je t’ai dit au revoir... mais je n’avais pas envie de partir »

Je soupirais, content mine de rien qu’on se soit retrouvé et c’était bien ça alors ? J’avais la fâcheuse manie de le sauver toujours au bon moment, n’est-ce pas ? Même si je m’y étais pris un peu tard apparemment... car il avait déjà connu les vices de la mafia... dans la section où il était...
Je crois que je m’en voulais quand même d’avoir écouté ces deux idiots...

« Si j’étais resté peut-être que... qu’on aurait eu... une vie normale... »

Et peut-être que je n’aurais pas eu cette fichue maladie... cette chose qui me ronge... pourquoi est-ce que ça m’est arrivé ? J’ai eu pas mal de problèmes dans ma vie, mais est-ce que c’est en relation ? Je ne savais même pas. Je soupirais encore, nous faisant balancer doucement sur le pont. C’était de ma faute... mais je ne pouvais pas remonter le temps... pour essayer de le changer, si seulement c’était possible, mais non...

« Tu m’en veux ? »

Je me sentais nul de lui demander ça, mais en même temps... c’était nécessaire, je voulais savoir s’il m’en avait voulu et s’il me tenait pour responsable et aussi s’il me pardonnait... de l’avoir laissé pour ensuite le retrouver comme ça... et en plus avoir le béguin encore. Le pire, c’est qu’il pouvait ne plus avoir confiance et se dire que si j’étais parti une fois je pouvais recommencer, mais je ne suis pas comme ça... j’y avais été obligé alors que là, je n’ai aucune raison de le faire... ah, que c’était compliqué !

« Tu sais... après ça... mes frères m’ont fait sortir un peu... avec des filles, je ne sais pas combien... c’était... ça m’a bousillé le cerveau, je devais avoir quoi... 14 ans quand ils ont commencé avec ça... pour être sur je crois, sur que j’étais comme eux... »

Mais je ne l’ai jamais été apparemment, et je me demandais si crever ce n’était pas mieux au final, peut-être que ça aurait évité à la famille Bang un autre déshonneur, de père en fils... tu parles, on était tous des ratés. J’avais l’impression d’avoir fait plus de mal que de bien et c’était insupportable.

« Comment tu fais... pour me regarder... comme si j’étais quelqu’un de bien... je sais, je n’arrête pas de le répéter depuis hier... mais je n’arrive pas à avoir... ce que tu me trouves »