C’était complètement fou, on se retrouvait aujourd’hui et... on a eu le coup de foudre en quelque sorte, c’était presque comme si c’était fait exprès. Alors... je lui expliquais pourquoi j’avais du partir... il avait cru que c’était de sa faute, mais non, c’était de la mienne et de celle de mes deux frères... mon père, inexistant, n’en savait jamais rien lui, après vous parlez d’éducation, forcément si je suis détraqué... autant dire que c’est de famille, à cause des deux premiers qui eux, ont eu la chance de connaître cette mère que j’ai tuée en venant au monde...

J’étais sur qu’il m’en voulait, moi aussi je m’en voulais, c’était peut-être de ma faute si on n’était comme ça aujourd’hui et... je m’en voulais vraiment, ça m’était insupportable de penser qu’on était comme ça pour un simple moment, des mots, un départ, c’était ridicule et pourtant je savais... même s’il disait que non, je savais que ça aurait changé.

« J’espère qu’on pourra se rattraper oui... »

Mais il y avait eu des choses qui ne pouvaient pas s’effacer si facilement... c’était de ça que je voulais parler, mais c’était un peu trop tard maintenant pour regretter, j’étais ce que j’étais maintenant. Je lui disais alors, ce qui s’était passé après, pour qu’il comprenne bien que ce n’était pas par choix et puis, il me dit qu’il comprenait, que je n’avais plus besoin de continuer... c’était vrai et j’étais surpris qu’il se propose même. Je n’aimais pas qu’il dise ça.

« Pas... pas comme ça, je ne veux pas que ça recommence de toute façon... et si je continue c’est à cause de mon « métier »... m’enfin, si je t’ai toi... je ne sais pas, tu ne peux pas t’imaginer une seconde ce que c’est de supporter ça... »

Je me levais, j’étais calme extérieurement, mais je n’en pouvais plus, je ne voulais pas lui faire subir ça, si j’étais avec lui, nous allions devoir redoubler en prudence et pire, il allait devoir me supporter moi et mon gros problème... est ce qu’il le pourrait ? Il avait réussi une fois après tout, mais... de cette façon... est-ce que ce n’était pas trop lui demander ?

« Tu ne devrais pas penser à ça... je... si jamais je craque ? »

Je ne voulais pas lui faire mal et je risquais de le faire... encore, c’était pire que tout d’imaginer ça. Je me demandais comment il pouvait faire pour me regarder comme si j’étais un homme honnête... comme si j’étais clean, c’était incroyable. Et il... m’avait dit que j’avais un coeur, oui... pas faux, mais est-ce que c’est suffisant ? Je me rasseyais à côté de lui, penchant ma tête en arrière sur le dossier de la balancelle tout en le regardant. Il avait l’air triste...

« Je n’ai pas envie de te rendre malheureux... tu as déjà assez subi comme ça... et aussi par ma faute »

Je soupirais, avant qu’un silence ne s’installe et je comprenais qu’il allait bientôt devoir y aller, je ne l’en empêcherais pas bien sur, j’avais envie qu’il se détache un peu, qu’on puisse réfléchir, mais il en avait décidé autrement peut-être... vu sa question. Je me mordis la lèvre, me redressant un peu.

« Jung Min... ne le prend pas mal, d’accord ? Mais je pense... qu’il est un peu trop tôt... on se connaissait déjà, je sais bien... mais, il faut que je réfléchisse, je ne veux vraiment pas te faire du mal... »

Je ne comptais pas le laisser filer comme ça de toute façon, la moindre des choses avec l’autre abruti qui pouvait roder autour de lui comme ça, c’était de le raccompagner et m’assurer surtout que nous ne serions pas suivis... peut-être qu’en fin de compte je verrais cette vieille femme... mais je serais vraiment brisé qu’elle m’accepte comme Jung Min le faisait... au risque de faire du mal à son petit fils, c’était inconcevable.

« Je vais te raccompagner, hm ? »

Bizarrement, je voulais rester avec lui, paradoxe qui m’énervait vraiment, parce que j’avais l’impression d’être indécis pour une fois, rester ou ne pas rester... telle était la question ? Oui, c’était un peu ça... et j’espérais qu’il me convainc pour la meilleure solution, mais je ne savais pas quelle était cette dernière, c’était bien ça le problème. Je me grattais la nuque, lui tendant la main avec de le tirer contre moi pour qu’il se relève et lui glisser dans le creux de l’oreille...

« J’aimerais vraiment être quelqu’un de normal... »

Si je n’avais pas eu ce fichu problème, tout aurait été bien plus facile... surtout avec Jung Min, car personne d’autre que lui ne pouvait susciter autant de désir en moi... et si je pouvais au moins maitriser celui-là... ce serait déjà un énorme progrès, pas sur que j’y arrive, malheureusement.

Je relâchais mon étreinte, l’entrainant vers le pont pour repasser puis... sortir. J’avais une voiture, quelque part par là... ah... visiblement je n’avais plus de pneus... d’accord ! Qu’il est intelligent celui-là ! Il croit qu’il va m’immobiliser comme ça ? Pauvre débile...

« C’est pas possible d’être aussi c*n, comment t’as fait pour le supporter celui-là ? Crever des pneus de voiture parce qu’on se fait laminer au corps à corps ! J’ai jamais vu ça ! Et après on dit que les mafiosi sont classes ? Bah la preuve que non... »

Oui, je rouspétais quand même, je n’ai qu’une seule voiture... alors... autant dire que j’ai de quoi me plaindre, je n’ai pas envie d’y aller à pied où en bus, magnifique pour se faire repérer ! Ah...

« Bon, tu regardes pas... »

Puisque son abruti d’ex-patron avait une superbe voiture de sport... autant en profiter, une voiture contre une autre, la mienne n’était pas si merdique, mais ça ne valait pas sa belle voiture à lui... et comme j’étais quasi sur qu’il n’avait rien fait dedans... vu l’état quasi neuf...

L’alarme n’avait même pas retenti, et nous voilà parti finalement pour une petite balade, pas de courses poursuites... non, juste un vieux con qui cri derrière qu’il m’aura un jour... oui, il m’aura, ahahah !