Ça faisait quelques jours déjà qu’on n’en avait plus reparlé concrètement avec Jung Min, de cette situation, de « nous » et puis de tout le reste, parce qu’il devait travailler... pour s’intégrer et aussi parce qu’il n’en avait pas le temps, je devais m’occuper d’autres affaires, mais j’avais la tête ailleurs, sans pour autant faire mal mon travail. Apparemment, mes gens avaient bien vu qu’il était spécial pour moi, mais je faisais attention, en faire trop c’était le condamner lui comme moi, c’était difficile, mais ça devait se passer comme ça.

Ce soir, il avait un client... que je ne connaissais pas encore, quelqu’un qui ne m’inspirait pas confiance, j’étais toujours à l’hôtel au cas ou... qui a dit que les mafieux ne détaillaient pas tout ? Ils ne le savaient pas, mais j’avais des oreilles partout, c’était un peu comme si l’hôtel m’appartenait, quelques serveurs quelques femmes de ménage étaient mes yeux et mes oreilles.

J’étais assis tranquillement... enfin non, j’attendais que ça se termine, je voulais le voir ce soir... et j’étais vraiment jaloux... pour une fois dans ma vie, j’étais jaloux que quelqu’un d’autre le touche. C’est à ce moment, alors que j’errais dans les couloirs moi-même en faisant presque tous les étages... comme je faisais des fois pour les plus inquiets, que j’entendis la voix de Micky résonner. Il ne voulait pas... et l’homme criait sans doute sur lui. J’avais un passe électronique qui marchait pour toutes les chambres et j’avais eu raison d’entrer...

« Qu’est-ce que vous faites ? »

L’homme me disait presque « ça se voit non ? » je lâchais un rire mesquin, lui tapant la main pour qu’il lâche les cheveux de Jung Min, soupirant longuement.

« Vous connaissez les règles non ? Et ça, c’est interdit... vous n’êtes pas allé vous faire dépister... alors non en plus de vous protéger vous aller vous contenter du basique... c’est bien clair ? »

Je voulais que ça le soit, c’était moi le patron ici... et c’était Jung Min qui était sous mes ordres, techniquement... le client n’était pas le roi, loin de là. Jung Min était à moitié nu et je le regardais à peine pour ne pas laisser le doute s’emparer de lui comme de moi ou encore de cet abruti avec qui il risquait de passer la nuit.

« La prochaine fois... ce ne sera pas un avertissement... alors, méfiez-vous »

Il avait de la chance que je le vouvoie... j’aurais bien voulu le tirer par les cheveux moi aussi, juste pour qu’il comprenne ce que ça faisait... d’être traité comme de la merde, sans doute ne l’avait-il jamais été vu son comportement... le respect, lui, il connait pas il se contente de le recevoir plutôt que de le donner, pauvre type.

J’étais à deux doigts de dire à Micky de sortir... de ne pas se laisser faire par lui... mais je n’avais pas le droit, un traitement de faveur qui ne plairait pas du tout... comme je l’avais dit. Je ressortis, faisant signe à l’homme que je le surveillais. Il devait se demander comment ? C’était pourtant très simple, à écouter aux portes on pouvait tout entendre... un hôtel plus ou moins potable... choisi spécialement pour l’hygiène correcte et les murs en cartons. Et qui plus est ne revenait pas trop cher, ce qui voulait dire que je pouvais donner plus à mes gens.

Je sortis donc, faisant des allés retours dans le couloir en espérant que tout ce passe bien, mais je savais que je ne supporterais pas longtemps de l’entendre... le lit qui grince, comme les plaintes qu’il ne pourra pas éviter... et ce gros lard qui en profitera bien... de toute évidence, quand il allait sortir de là, j’allais le tuer... j’allais vraiment faire preuve de violence... je trouverais un prétexte... je n’en ai jamais manqué et il me semble que si je lui éclatais la tête sans qu’il perde sa si précieuse vie... ça ne serait pas un crime, si ? Qu’apportait-il ce pauvre c*n aux autres ? Son fric... rien de plus.

Je l’avais prévenu une fois et ça ne lui plaisait pas... mais il allait devoir faire avec. C’était écœurant, je ne voulant pas le laisser, j’hésitais à le laisser... mais je n’avais pas le choix. Je crois que je n’allais pas tenir longtemps comme ça... il n’allait pas tenir non plus et je pouvais comprendre, nous devions trouver une solution pour le peu de temps que nous pouvions passer ensemble.

J’étais plongé dans mes pensées, j’essayais de me concentrer pour trouver la solution, celle qui serait efficace et qui arrangerait tout le monde. Je me grattais la nuque quand une femme de ménage est venue en courant vers moi pour me dire qu’il y avait des bruits suspects dans une chambre, bizarrement je savais où me diriger et je craignais le pire... c’était vraiment cette chambre, celle où Micky était.

La porte s’était presque envolée tant j’avais frappé fort dedans, j’avais oublié la carte passe, et je me rendais compte que j’avais bien fait, quand j’ai vu Jung Min allongé comme ça... j’ai cru que j’allais le tuer et l’autre était loin de se démonter, cela dit ce n’était pas parce qu’il avait du gras qu’il allait me faire peur et peu importe de quelle compagnie il était, les mafieux peuvent entrer partout... s’il veut jouer, il va avoir ce qu’il mérite.

De toute façon, je voyais rouge, d’ordinaire je pétais vraiment les plombs quand ce genre de choses ce passaient, mais en plus c’était Jung Min... et là, je n’allais pas le lui pardonner, il n’allait plus remettre les pieds ni ici... ni là où j’avais assez d’influence...

Il essayait de se justifier, de me menacer, de me dire que de toute façon, ce n’était qu’un jouet... mais c’était le mot de trop. Je serrais mes poings je fonçais sur lui, un coup de pied dans la tête... je l’attrape par les cheveux, lui donne un coup de genou avant d’appuyer mon pied sur son torse pour l’allonger et m’asseoir sur lui pour lui tordre ce qui lui servait d’engin... il y était allé trop fort... et ça n’était pas permis. Je lui glissais dans le creux de l’oreille, donnant quelques coups quand il essayait de se remettre sur pied, me ravissant de son nez cassé et de sa bouche en sang.

« Je t’avais averti... il me semble... »

Mon regard croisa le sien, il en disait très long sur ce que je pensais de lui et ce qu’il allait subir, car ce n’était que le début. La suite allait être bien plus palpitante. Il n’avait pas eu le temps de se rhabiller que je l’attrapais de nouveau par les cheveux pour le trainer aussi lourd soit-il dehors dans le couloir et alors qu’il se débattait, je le cognais contre les murs pour qu’il soit aussi sage qu’un agneau...

« Tu veux continuer hein ? Tu es certain ? Quand je dis quelque chose... tu obéis... sinon voilà ce qu’il se passe... »

Ce genre de personne avait tout intérêt à se calmer avec moi... si je faisais profiter mes gens, c’était qu’il y avait une autre raison, mon business n’était pas aussi clean que je voulais le faire paraitre, les gens comme lui... je leur faisais tout perdre... et s’ils en redemandaient... il finissait sous le joug du pire des macros que je connaisse... un gars qui prend ce qui vient... et qui ne fait pas attention à ses employés... je laissais deux hommes s’en occupaient, des hommes à moi, spécialement entrainés pour ce genre de travail... il allait être inspecté.

Comment je ne m’étais pas fait chopper ? Parce que je n’étais pas celui qui agissait, je le livrais simplement... c’était peut-être lâche, mais encore une fois je ne me débarrassais pas de ces merdes à la pelle...

Je retournais vers Jung Min qui s’était mis à fondre en larmes... je pouvais comprendre, je fermais la porte, apportait une serviette pour l’envelopper dedans et le serrer contre moi. Je nettoyais comme je pouvais son corps meurtri par les coups... lui caressant la joue en redevenant peu à peu moi même, l’obligeant à plonger son regard dans le mien.

« C’est fini... c’est fini... écoute... on va trouver une solution... ça ne peut plus durer... tu ne dois plus travailler dans ce domaine... »

Il travaillera non pas pour moi, mais avec moi, c’était ce que je pensais, il y en avait qui faisaient ça chez moi... des gardes du corps, des femmes qui jouaient les secrétaires où des femmes de ménage... ce qu’elles pouvaient trouver en sommes, ou que je leur trouver, pour Jung Min j’avais mon idée... à présent et ça lui permettrait d’être avec moi... sans avoir honte, qu’on puisse se regarder dans les yeux sans qu’il ne craigne que j’en sois dégouté. J’embrassais son front, soupirant.

« Calme-toi... je te promets que c’est terminé, tu n’auras plus à faire ça... d’accord ? »

J’étais vraiment hors de moi... mais une fois que je ne l’avais plus sous les yeux, je me suis concentré sur Jung Min et je me suis calmé du mieux que je pouvais. Il pleurait et je me sentais plus que stupide de l’avoir laissé avec cet homme, ou avec n’importe quel autre d’ailleurs... Il s’accrochait à moi en me suppliant de ne pas l’abandonner... comment est-ce que je pouvais faire une chose pareille ? C’est ce moment qu’il a choisi pour tomber inconscient et j’ai paniqué légèrement, assez pour demander à quelqu’un de plus qualifié s’il n’était pas en danger, apparemment non. Je l’avais au préalable enveloppé dans des draps propres pour le prendre avec moi, rentrant chez moi... pour parler, il n’y avait pas meilleur endroit, qui plus est de là je pouvais toujours avoir le contrôle, je n’étais jamais le seul sur place ou bien jamais je ne laissais mes gens seuls sans défense, il y avait toujours quelqu’un.

Ainsi, je pouvais profiter pour habiller l’artiste et le laisser se reposer, tout en veillant sur lui, passant quelques coups de fil dans le salon pour être certain que l’autre paye bien sa dette et nous assurer à tous les deux une protection en plus.

Je laissais ensuite tout ce beau monde au téléphone, prenant soin de l’avoir toujours sur moi quand même... pour rejoindre Jung Min qui s’était réveillé, il devait avoir mal, mais pourtant il était contre moi et je resserrais mon étreinte, soupirant contre son épaule en lui frottant doucement le dos. Il me regardait comme si tout était de sa faute...

« Non... pas toi... ne t’y met pas je t’en pris... quoi qu’il ait pu dire ou faire... c’est un gros naze qui ne connait rien à la vraie vie... ni aux manières, alors ne dit pas que c’est de ta faute... j’aurais dû l’arrêter avant... »

Je m’en voulais terriblement, mais je ne pouvais pas revenir en arrière, si j’en parlais plus, peut-être que ç’a lui ferait du mal et c’était encore moins ce que je voulais. Je le déposais sur le lit, passant ma main dans ma nuque.

« Je... tu es chez moi, tu vas rester avec moi pendant tes « heures de travail » dorénavant... il faut qu’on discute de tout ça »

Il devait être paniqué, c’était à peine s’il comprenait, j’étais presque sûr que c’était un peu trop pour lui et je devais le rassurer plutôt que dire des choses comme ça... je soupirais encore, me mordant la lèvre en le regardant un peu plus tendrement.

« ton crétin de copain est en train de te faire peur pour rien... désolé, ce que je voulais dire c’est que je ne compte pas te laisser, juste que nous devions parler de ce qui va se passer ensuite par rapport à nos métiers, pas par rapport à notre relation »

j’avais du mal à faire dans l’explication simple on dirait. Bref, je m’approchais un peu plus de lui, caressant ses lèvres de mon pouce avant de l’embrasser, juste un baiser pour qu’il ne se mette pas en tête que j’allais faire une connerie ni qu’il n’était plus attirant à cause de ce pauvre type. J’avais assez d’expérience pour prévenir dans ces cas-là, je savais combien c’était dégradant et difficile de s’accepter après ça... même quand c’était une situation normale, au bout d’un certain temps, on se posait des questions. Tous mes gens étaient passés par là et c’était surement au tour de Jung Min aujourd’hui. C’était en fin d’après-midi, il pouvait donc se reposer tranquillement, d’ailleurs je l’y forçais, l’allongeant en prenant place à côté de lui, hors du drap par contre.

« Tu n’es pas en état... il t’a vraiment... fais mal... alors, repose-toi un peu plus, d’accord ? Je suis là. »

Cette vision que j’avais de lui... cette image de lui en train de pleurer, totalement paniqué, je ne l’avais jamais vu comme ça... je ne l’aurais jamais cru comme ça non plus, il avait beau être fort malgré sa carrure entre les deux, j’avais conscience de sa fragilité... et je m’en rappelais seulement maintenant... par mes vieux souvenirs... c’était moi qui avais séché ses larmes le premier...

Je passais distraitement ma main dans ses cheveux en chantonnant l’unique berceuse que je connaissais... longue histoire. J’avais vu cette vidéo, volée à mon père, de ma mère en train de chantonner pour endormir mes deux grands frères... elle était enceinte de moi. C’était un tableau magnifique, mais... ça a bien changé, elle doit se retourner dans sa tombe en voyant tout ce carnage. J’avais l’air plutôt con à chanter l’air... Jung Min était loin d’être un enfant... enfin, je ne sais pas, c’était la seule idée que j’avais eue pour qu’il se calme, il m’avait paru tellement mal que j’avais eu peur de le perdre... qu’il devienne fou, complètement.

« C’est fini... tu n’auras plus à faire ça, alors détend toi... d’accord ? »

Jung Min avait pleuré à cause de moi, parce qu’il avait été maltraité... par un abruti que je n’aurais jamais dû autoriser plus à l’approcher. Je me sentais coupable, mais le mal était fait et je ne pouvais que réparer du mieux que je pouvais en me comportant mieux avec Jung Min. Pour ça, je le serrais dans mes bras, frottant son dos doucement pour qu’il puisse se sentir mieux, pleurer ne lui ferait pas de mal si ça pouvait l’aider à évacuer.

Je lui ai dit qu’il fallait qu’on discute, mais je me suis repris, de peur qu’il ne comprenne de travers. Il avait souri et puis je l’ai embrassé pour qu’il se calme un peu plus, le forçant à s’allonger après qu’il m’ait glacé le sang avec sa remarque. C’était sans doute vrai... mais je ne voulais pas y penser, on avait évité le pire, autant en profiter. Il s’allongeait donc sagement, je restais avec lui, pourquoi est-ce que je le lâcherais ? Il a l’air terrorisé... pourtant, il est loin d’être faible, mais je le vois dans tous ces états et même si je suis content qu’il puisse se montrer comme ça devant moi, j’étais quand même inquiet.

Sans m’en rendre compte, je chantonnais une berceuse, qui avait apparemment calmé sa respiration et les battements irréguliers de son coeur. Je lui souris, le serrant contre moi en laissant un minimum de distance pour ne pas être tenté dans un moment pareil.

« Tu seras mes yeux »

... Plus débile, je crois que je n’aurais pas pu faire, je me repris, déglutissant quand même, mal à l’aise pour une fois, même si ça n’était pas méchant.

« Je voulais dire... enfin... tu-tu... vas garder un oeil sur tout ce qu’il se passe... chez mes gens, ce qu’on dit sur moi... tu n’auras plus besoin de vendre... ton corps »

Personne n’aurait à s’en plaindre, comme tout le monde, Jung Min avait travaillé jusqu’à maintenant... certains avaient craqué au bout de trois jours et j’avais du leur donner une autre mission... en quelque sorte. Je ne faisais pas que du proxénétisme en somme... je leur offrais quelques chances... je soupirais, caressant sa joue. Il ne fallait pas qu’il sache, il s’en voudrait encore plus... enfin, je suppose, puis ça ne serait à rien de le lui dire.

Le silence était apaisant, bien qu’il n’était pas suffisant apparemment pour que l’artiste daigne fermer les yeux, il devait avoir peur, ou peut-être voulait-il bouger ? J’avais une idée en tête, mais il valait mieux que je demande.

« Est-ce que tu aimes les bains chauds ? Ça pourrait t’aider à te relaxer, hm ? »

Une idée comme une autre, mais au moins ça serait efficace, pour une fois je n’avais rien d’autre en tête que son propre bien-être, j’avais envie qu’il se sente bien, qu’il puisse me sourire comme d’habitude et puis que ses marques disparaissent au plus vite... même si ça allait prendre du temps. Je caressais ces dernières, je ne l’avais pas beaucoup observé, mais... je savais où elles étaient. Son cou... ses bras, ses cuisses... j’avais mal pour lui, je m’en voulais vraiment. Je me promis que plus personne ne lui ferait du mal, au risque de finir à la morgue... et ça, c’était si j’étais gentil... mais dans ces moments-là, ils étaient brulés... envoyés au boulot pour remplacer les pertes... il y avait toujours preneur, même pour le pire des hommes...

Je ne savais plus quoi dire, en fait, j’avais peur d’en faire trop... ou bien de ne pas en faire assez, au choix, j’étais un peu perdu, j’attendais simplement qu’il me fasse signe, qu’il s’endorme, je voulais qu’il sourie, qu’il me montre qu’il allait mieux, qu’il me soigne plutôt que ce soit l’inverse, comme on a toujours fait... j’étais très mauvais dans ce rôle... il y arrivait si bien ! Je n’allais pas me battre pour autant, mais, je préférais prendre plutôt que ce soit lui qui pleure... j’avais vraiment pris un coup... au coeur quand je l’ai vu comme ça. C’était comme si quand il souffrait, c’était mon cas aussi.

« Je serais... je serais toujours là pour te protéger, alors, la prochaine fois, c’est toi qui me soigneras, d’accord ? »

C’était idiot, mais je disais ça avec un petit sourire en coin, je voulais qu’il se souvienne et puis qu’il se sente rassuré même si je n’étais pas sur qu’il apprécie que je prenne pour lui ou pour d’autres... mais j’étais comme ça, et puis je pouvais l’assumer, Jung Min le pouvait aussi, mais pas pour l’instant, il avait bien trop pris pour pouvoir assumer quoi que ce soit pour les jours à venir. Je l’embrassais encore, passant ma main bouillante contre son dos pour qu’il reste contre moi, sans pour autant l’y forcer.

Il avait l’air hésitant, mais au final, c’était parce que je n’avais pas détaillé. Quand je l’ai fait, il a pris son temps pour réfléchir avant de demander si ça n’était pas dangereux pour moi, je m’étonnais encore qu’il se préoccupe de moi plutôt que de lui, sachant que j’étais plus que protégé contrairement à lui, normalement, et que je savais plus que bien, me défendre. J’avais entrainé plus de types de la mafia que Jackie chan n’avait joué de film... autant dire que c’était assez significatif ! Si gros lourdaud se pointait encore, j’étais presque certain qu’il avait appris les rudiments des arts martiaux par un de mes « élèves » autant dire qu’il n’avait aucune chance, parce qu’un bon professeur ne donne pas tous les secrets... au cas où. C’est ce que j’ai pensé, surtout depuis que je fréquente ce milieu, ça fait longtemps maintenant.

Je lui souris, l’embrassant.

« Mais non, tu sais... quand un de mes gens ne supporte plus, il travaille toujours pour moi... dans un autre domaine. Y’en a qui sont garde du corps, d’autres qui sont serveur dans l’hôtel, d’autres femmes de ménage... et ainsi de suite, les postes varie et ce poste-là n’a pas été réclamé depuis longtemps alors... on va dire que tu l’as fait, d’accord ? »

Je proposais ensuite un bain et il me demandait s’il pouvait, comme s’il n’était pas autorisé, mais c’était pas croyable, j’avais envie de le chatouiller, de l’embêter pour qu’il comprenne qu’il n’avait pas à se restreindre, pas ici et surtout pas avec moi ! Mais... c’était une mauvaise idée, il allait hurler plus de douleur que de la surprise, j’en étais sur et je ne voulais pas lui faire mal. Je lui dis que je le protègerais toujours et qu’il me soignera... mais ça ne lui plaisait pas. J’étais surpris, mais je lui frottais le dos, caressant ensuite ses cheveux.

« Je voulais dire, comme avant... je ne reviendrais pas les pieds devant, mais tu dois t’attendre à ce que je sois blessé plus ou moins gravement, à cause de mon métier. Je m’en sortirais toujours, alors tu me soigneras ? »

C’était souvent minime, pour me blesser gravement il faut vraiment préparer son coup ou avoir un fusille et être quinze... mais j’avais de la ressource. Enfin. Je l’aidais à se lever pur qu’il oublie tout ça, le laissant se déshabiller en l’aidant un peu quand il n’y arrivait pas. Puis... il m’a invité. Je croisais mes bras, essayant de réfléchir.

« C’est assez risqué là... »

J’allais refuser, mais ses yeux... ah, c’était impossible de lui résister. Je me déshabillais donc pour le rejoindre, me plaçant en face de lui, profitant d’ailleurs pour prendre une de ses jambes et la savonner tout en massant pour le détendre un peu. C’était embarrassant en sachant qu’à tout instant je pouvais déraper et briser ce tendre moment... mais je ne pensais pas à ça, pour l’instant je n’avais que lui et son bonheur, lui et le soigner, l’aider à sourire un peu plus comme tout à l’heure.

« Qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi, hm ? »

J’avais peur qu’en m’approchant ça ne dérape vraiment, mais, comme ça, le lui dire, que je tenais à lui assez pour essayer d’éviter le pire au maximum, c’était un peu plus rassurant pour lui, j’imagine. Je lui souris, prenant son autre jambe après avoir déposé l’autre pour faire la même chose. Je remarquais un bleu et y passait ma main, soupirant longuement, silencieusement. Ça m’énervait. Il était si beau... comment est-ce qu’on pouvait faire ça aux autres pour avoir le dessus ? Ça n’apportait rien de se mettre au-dessus, la preuve... mes frères, mon père... certains patrons morts pour avoir été un peu trop gourmands, bref, toute une flopée de gens qui l’avaient mérité où non, mais qui étaient morts quand même. Et puis maintenant cet homme qui n’avait que ce qu’il méritait et qui avait bien profité...

Je pensais à tous ces gens qui allaient être déçus que Micky ne soit plus à vendre... ils pourront se consoler en s’attaquant à celui qui en est responsable, ça m’arrangera, d’ailleurs ça m’arracha un sourire. Je crois que si Jung Min apprenait ça... il m’en voudrait, il à l’air tellement... sensible après réflexion qu’il désapprouverait. Il n’a pas regardé quand j’ai donné une correction à ce gros lard... est-ce qu’il... est-ce qu’il avait peur de moi ?

« Dis... est-ce que je te fais peur ? »

C’était une question très sérieuse, je ne voulais pas qu’il ait peur de moi, je suis totalement différent quand je suis hors de moi ou... quand je fais mon boulot, le sale boulot. Mais je ne m’en prends pas à n’importe qui non plus... est-ce que c’est quand même considéré comme un crime ? Je considérais parfois que la justice, la vraie, n’avait rien fait pour moi alors pourquoi ne pas se faire justice soit même ? C’était un crime oui, mais justifié, à chaque fois il me semble... j’espérais qu’il comprendrait... je m’en voudrais de lui faire peur alors que je l’aime, oui, je l’aime, je le sais parfaitement. C’est le seul qui pouvait vraiment m’atteindre, me faire mal... même si j’essayais de me méfier, je n’y arrivais pas. On se connaissait depuis plus longtemps que prévu, en fin de compte... est-ce que ça n’était pas ça le destin ? M’envoyer quelqu’un que je connais, que j’aimais, celui avec qui j’aurais voulu grandir, pour rattraper le temps perdu... une personne qui serait de confiance avec nos si bons souvenirs ? Je ne sais pas... j’étais quelque peu perdu, mais... je ne voulais pas douter de lui... et pour cette raison, je l’embêtais, histoire de me changer les idées en mordant doucement son mollet, tout en le regardant, d’un air amusé.

Je lui proposais un autre job, avec moi et il avait l’air rassuré que ce ne soit pas ce genre de choses... je pouvais comprendre. Jung Min était bien plus fort que la plupart de mes employés, mais il était humain et il méritait lui aussi d’être faible, de ne pas supporter ces choses-là, c’était remarquable qu’il ait tenu... je crois que je n’aurais jamais pu. Enfin... je sais me défendre, j’avais aussi dans l’idée de lui apprendre, pourquoi pas ? On ne sait jamais. Il m’avait avoué qu’il avait eu honte et je le gardais contre moi, soupirant quelque peu, le visage fermé.

« Tu n’as pas à avoir honte... »

Le bain fut une bonne idée apparemment et juste avant ça, je lui disais qu’il devait me soigner et se préparer à ce que des fois je rentre en mauvais état... mais je rentrais toujours et je survivais, jusque-là. Il avait ce petit sourire mi-inquiet, mi-amusé qui me plaisait beaucoup, au point que j’en frissonne à sa remarque d’ailleurs. Je souris moi aussi, m’approchant de lui pour susurrer...

« Oui, mais pas de n’importe quelle infirmière... »

J’avais besoin de lui en fait, et je déposais sur ses lèvres un doux baiser que j’approfondis malgré moi, l’intimant à venir prendre un bain pour m’échapper et penser à autre chose. Cette fichue maladie était insupportable. Jung Min me proposait en plus de l’accompagner et même si j’ai refusé, à voir sa moue... j’ai fini par accepter. Pendant que je le lavais, je lui demandais si je lui faisais peur et il me regarda comme si j’étais idiot avant de venir pour m’enlacer et m’embrasser, me donnant la chair de poule. Je l’avais laissé faire bien sûr, content qu’il soit aussi démonstratif et puis, qu’il me rassure comme ça. Je n’avais pas voulu lui faire peur...

L’artiste se mit ensuite à rougir et je crus un instant que j’avais fait quelque chose de mal en le mordant un peu, mais non, il me demandait si j’avais réfléchi... et me rafraichit la mémoire en disant que c’était par rapport à « nous ». Je me suis mordu la lèvre, il avait vraiment eu peur... je crois... c’est vrai, ces derniers temps nous avons eu une relation plus professionnelle que prévue, j’avais tellement peur de lui sauter dessus ou qu’un geste soit un peu trop explicite pour être aperçu... que je l’avais un peu évité sur cette question.

Je m’approchais à mon tour, un peu plus hésitant, relevant son menton pour pouvoir l’embrasser.

« Je pense... je pense que oui... mais il faudra être prudent »

Ce n’était pas facile d’être un mafioso... quand on sait que les ennemis sont nombreux et qu’ils attaquent la famille en général... ce n’est pas ma famille, mais c’est tout comme, les gens que j’aime sont peux nombreux, mais il y en a quand même. Je me souviens... un jour, on a tenté de prendre en otage mon père... j’ai raccroché au nez du pauvre imbécile qui avait eu l’idée, résultat, c’est lui qui s’est fait buté par son patron. Enfin, je ne devais pas penser à ça, pas maintenant. Je me reculais puis glissais pour mouiller ma tête et la relever aussitôt. Il fallait que je me calme, mais c’était difficile de lui résister. J’avais dans l’idée de sortir... mais, il le prendrait peut-être mal et je voulais encore profiter de ce moment avec lui... ce n’était pas facile de faire un choix. Je me mordis la lèvre, observant ses blessures pour tenter de me dissuader et ça avait l’air de fonctionner un peu, comme quoi... je n’étais pas totalement un monstre.

« je suis content de ne pas te faire peur... vraiment »

Il n’aimait pas la violence... dans quel milieu il vivait ? Le plus virulent de tous, évidemment. Je crois qu’il a très mal choisi son gagne-pain, mais... maintenant ça va changer, c’était bien mieux comme ça. Je restais méfiant quand même... je me demandais beaucoup de choses à son sujet... et puis, j’avais peur aussi, que l’idylle se transforme en cauchemar... je devais rester vigilant envers tous...

« Dis, j’ai vraiment envie de savoir ce que tu as fait pendant tout ce temps, tu me racontes ? »

Bien sur s’il voulait savoir des choses sur moi j’allais lui répondre en échange, mais j’avais plus parlé que lui... alors, je trouvais normal de lui demander, qu’il ne croit pas que je n’étais pas intéressé, bien au contraire. J’attendais sagement, l’observant, il était en train de se détendre, c’était bien. Il pouvait surement bouger un peu mieux, comme s’il n’avait que des courbatures, enfin... avec quelques bleus en plus. Je me tournais à moitié un instant pour attraper quelque chose, que je lui tendis, en fait c’était pour son cou, j’avais couru l’acheter pendant qu’il dormait avant de revenir directement dans la chambre, il n’avait pas été seul une seule seconde...

J’avais aussi dans l’idée ce soir... de lui offrir un bon repas, cuisiné par les soins de quelqu’un d’autre que moi, on aura tout le temps d’essayer de faire sauter la cuisine avec mes talents de cuistot, ce soir je voulais qu’il se détende un maximum pour qu’il puisse bien dormir et croire que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve même si ce n’était pas facile d’oublier... on pouvait toujours penser au meilleur pour que la douleur paraisse moins douloureuse.

On est allé prendre un bain, puis... il m’a demandé si on pouvait être ensemble maintenant et j’ai dit oui... il n’y avait pas vraiment de moment, en fait on le savait déjà qu’on était plus ou moins ensemble... je n’aurais pas fait tout ça, je n’aurais pas pris le risque de prendre un bain avec quelqu’un que je n’aimais pas suffisamment pour ça... bref, autant dire que c’était compliqué et que ça n’allait pas aller en s’arrangeant, mais on allait faire avec et je ferais en sorte que ça se passe au mieux.

Puis, je l’ai remercié parce qu’il n’avait pas peur de moi et il me disait que j’étais merveilleux, j’eus un sourire... ah, vraiment s’il continue avec ses compliments j’allais finir par croire que j’étais vraiment quelqu’un de génial ! Mais pour être aussi génial qu’il le dit... je devais faire bien plus encore, à commencer normalement par arrêter ce boulot, mais je ne pouvais pas... et ce serait trop évident en plus qu’on arrête tous les deux... on se ferait vraiment descendre.

Je voulais en savoir plus sur lui et il avait l’air mal à l’aise, mais il m’avait répondu quand même, mise à part le dessin sa grand-mère et apparemment moi... il n’y avait eu personne. Je lui souriais comme un idiot, me massant la nuque quand il me posa la question, surtout en fait concernant mes amours.

« On va dire que même si je voulais je n’ai pas vraiment eu le temps de tomber sous le charme de quelqu’un d’autre... parce que ma bête noire a pointé le bout de son nez... si tu vois de quoi je veux parler »

J’étais vraiment mal à l’aise, ça m’avait pourri l’existence à souhait, à commencer par l’oublier, parce que même si j’en avais honte, j’avais oublié Jung Min jusqu’à même son prénom avec toutes ces filles... mes frères étaient vraiment c*ns quand ils s’y mettaient. Je ne pense pas que ce soit entièrement de leur faute même s’ils y ont surement contribué, c’est apparu presque en même temps et ça les a ravis que je sois aussi actif avec des femmes.

Enfin, je ne voulais pas penser à ça et d’ailleurs je regardais Jung Min avec un petit sourire en coin, retrouvé tout récemment à l’idée qu’il aurait pu être jaloux... ou bien qu’il l’était ? J’aurais peut-être dû essayer de dire « oui »... juste pour voir ! Mince, j’ai vraiment raté quelque chose, j’en suis sur !

« Dis-moi... Milky... si j’avais dit oui, tu aurais été jaloux ? »

Je pouffais de rire rien qu’à l’idée de voir sa réaction, j’étais presque certain qu’il ne s’y attendait pas, m’enfin, peut-être en fin de compte ? Il devait avoir l’habitude de ces questions avec les clients un peu trop malins... ou qui se croyaient l’être. Heureusement que tout ça était terminé !

Ça faisait un moment qu’on barbotait comme ça, alors, je me levais pour atterrir sur le tapis, essuyant mes pieds, mon corps avec une serviette sur une poignée exprès et je lui tendis une autre serviette attendant qu’il vienne se blottir dedans pour refermer cette dernière et le sécher sans trop laisser mes mains se balader sur lui au risque que ça ne se réveille. J’en profitais quand même pour aller le marquer au cou, sans lui faire mal en fait... juste, une belle marque en l’embrassant avant d’aller chercher un vrai baiser et de lui faire un clin d’oeil. Je le portais doucement pour l’emmener dans la chambre, allant ensuite près de l’armoire pour chercher des vêtements ni trop chaud ni trop froid pour lui, revenant les lui donner alors que j’enfilais mon haut.

Le bas... pour ce qui est du bas, caleçon par-dessous la serviette et puis voilà, j’allais pas m’emm*rder à chercher un pantalon alors qu’il faisait chaud et que ça ne craignait pas, je dormirais hors de la couverture, par précaution et puis voilà. Oui, je comptais qu’il reste ici... quoique... il avait sa grand-mère à voir en fait... est-ce qu’il devait y aller ou bien... ? Je voulais qu’il reste avec moi... mais ce serait égoïste.

« Est-ce que tu dois rentrer ? On ne pourrait pas aller chercher ta grand-mère plutôt ? En toute discrétion... »

Autant dire que j’avais surement bien fait d’y penser, sinon je suis certain qu’il s’en serait voulu. Il allait surement devoir cacher ses bleus... mais j’y pense, le soir il rentrait tard aussi... est-ce que cette pauvre femme ne s’inquiétait pas ? Je pensais à beaucoup de choses à la fois, partagé à l’idée de le laisser faire ce qu’il voulait, puisque c’était son droit et de me mêler des choses qui ne me regardaient pas... ou plutôt qui me regardaient tout juste ?

« J’ai envie que tu restes, mais... ça n’embête personne au moins ? »

Oui bon, très évident... est-ce que ça embête sa grand-mère ? C’était la question en fait... mais bon, je voulais bien croire aussi que vu comme il était, il avait d’autres amis qu’il aimait bien voir après ses « heures » de boulots... bref, bref, il fallait qu’il me dise parce que j’allais devenir fou. Je fis la moue, assis sur le lit, les cheveux en pétard en attendant qu’il réponde, tout en le fixant de mes yeux accusateurs. Bon, sans trop de méchanceté bien sûre, mais je réfléchissais trop et c’était de sa faute... ah... même quand tu ne fais rien Jung Min... tu me rends fou !

TENUE DE HYUN SHIK
	dixit le petit regard accusateur, moins la chemise, moins le pantalon XD

Cette façon qu’il avait d’avouer qu’il était jaloux, c’était irrésistible, je me demande comment je fais pour tenir, c’est quand ça veut... bref, c’était incroyable qu’avec lui je fasse preuve d’autant de retenu alors que d’habitude... ça devenait presque voyant. J’ai eu envie de l’embrasser et puis, je l’ai fait, en ne m’attardant pas trop, j’avais vraiment peur de faire une connerie. J’ai pris l’initiative de sortir et de l’envelopper dans une serviette après en avoir mise une autour de ma taille, l’embrassant en faisant attention à ses blessures en le séchant puis je l’ai porté jusqu’au lit pour lui apporter des vêtements et lui demander s’il voulait rentrer ou amener sa grand-mère.

Il avait l’air contre, je pouvais comprendre. Il fallait vraiment que je rencontre cette bonne femme, elle devait être géniale pour qu’il veuille la préserver comme ça, puis lui aussi l’était... à force de la protéger de cette façon, c’était vraiment... j’aurais voulu avoir une petite famille comme celle-là. Jung Min est donc allé passer un coup de file comme il le disait si bien, à sa grand-mère puis est revenu vers moi et me dire qu’il avait très faim, ce qui m’étonna de lui avant de préciser qu’il m’aimait. Je souriais, comme un idiot, parce que vraiment j’avais l’air d’un abruti à sourire comme ça... et je l’embrassais avant me lever.

« Je t’apporte à manger alors ? Tu as une préférence ? »

Je ne connaissais pas particulièrement ses gouts, mais j’allais apprendre comme ça, et au moins je pourrais éviter le carnage grâce à la femme qui fait tout dans cette maison, heureusement qu’elle est là elle aussi. Je me passais la main dans la nuque avant de l’embrasser encore et de descendre pour aller chercher de quoi le rassasier. J’avais oublié qu’on pouvait servir le diner, revenant dans la chambre pour embarquer Jung Min, qui devait avoir pris l’habitude de se faire soulever comme ça pour aller le faire asseoir sur une chaise, en face de moi, invitant la vieille femme à se joindre à nous, mais elle devait rentrer, apparemment. Nous étions donc seuls dans cette maison à présent... seuls, vraiment seuls...

Je me mordis la lèvre, frôlant son pied du mien sans le vouloir, frissonnant à ce contact. Il fallait que je lui dise, même si le moment était mal choisi, il devait s’en douter un peu vu que j’avais hésité à entrer dans le bain.

« Je vais faire attention à ce que je fais, alors ne m’en veut pas trop d’accord ? Je voudrais que tu te reposes comme il faut et avec moi et ce truc qui fait que j’suis complètement détraqué... eh bien, ça risque de pas être facile de te résister »

J’avais cette moue là, boudeuse... je m’en voulais d’être comme ça, de ne pas savoir profiter de ces moments sans qu’il y ait autre chose qui intervienne, mais je faisais du mieux que je pouvais et jusque-là je tenais le coup. Le plus dur ça allait être de dormir avec lui, je crois que je vais avoir du mal, j’avais eu des bouffées de chaleurs tout à l’heure rien qu’à la vue de son corps, même s’il était couvert de bleu je voyais bien au-delà de ça, ça ne faisait pas de lui quelqu’un de repoussant.

Je me suis rendu compte que je ne lui ai pas dit... moi, je n’ai pas dit ce que lui m’avait confié plus tôt et je posais ma fourchette tout à coup en arquant un sourcil, comme un abruti... si, si, décidément, un mafieux peu avoir cet air-là... je ne sais pas dans quelle catégorie je suis sur le plan professionnel, mais alors, le relationnel je me transforme en demeuré... bref, je le regardais de cette façon donc...

« Je... je me rends compte que je ne t’ai pas répondu... mais, ça ne veut pas dire que je ne t’aime pas... au contraire... tu le sais déjà... mais je voulais te le dire moi aussi... je t’aime... depuis toujours »

J’avais cru bon de préciser même si ça n’était pas nécessaire, premier amour et visiblement, le dernier, car il était bien le seul à m’accepter et à toujours l’avoir fait. Qui aurait voulu d’un garçon qui se bat tout le temps, qui a une tête parfois tellement sérieuse qu’il en fait peur à la plupart de ses camarades et qui surtout est attiré depuis tout jeune par un autre garçon... il n’y en avait qu’un comme ça dans le monde et j’ai eu la chance de tomber sur lui, vraiment... c’était une chance. J’avais peur en revanche de ne pas en être une pour lui... on risquait gros tous les deux, moi ce n’était pas très grave, mais lui, je m’en voudrais s’il lui arrivait quoi que ce soit. Ah, il faut que j’arrête de penser à ça !

« j’espère que ça te plait ? Si ce n’est pas le cas, tu me dis, hein ? »

Non, mais en plus de ça, je devenais anxieux à son sujet... alors qu’il était tranquillement en train de manger...
Je repris ma fourchette pour faire de même, le silence s’installant alors que je jetais des coups d’oeil très souvent, sans m’en cacher d’ailleurs, juste pour surveiller que tout aille bien, puis... je recrachais tout en sentant quelque chose se poser sur mon entrejambe... est-ce que par hasard ? Je n’osais pas regarder en cette direction, préférant poser un regard interrogateur à Jung Min, il y était pour quelque chose ? Ou bien mon imagination me jouait des tours très réalistes ?

Il avait faim au point de ne pas avoir de préférence, puis finalement je l’ai pris dans mes bras et même s’il se débattait pour marcher, je lui tirais la langue, le posant sur la chaise. Il y avait un silence de mort, c’était pour ça que je n’aimais pas rentrer, mais des fois ça faisait du bien de se dire que je ne ferais de mal à personne, puis Jung Min me l’a fait remarquer et j’ai souri.

« Oui, c’est vrai... mais, comme je ne le remarque pas, je suis toujours occupé ailleurs, ou presque et quand je rentre, je réfléchis... bref, c’est bien même si c’est triste »

Après j’ai frôlé son pied et... j’ai frissonné, si bien qu’il a fallu que je le mette en garde, je n’aimais pas ça, j’avais l’air d’une bête enragée, je ne sais pas, mais... c’était la seule solution. Puis j’ai vu son regard, il a posé sa main sur la mienne, j’aurais voulu m’en défaire pour ne pas être attendri et tenté, mais je voulais l’être quelque par, juste rassuré que même comme ça, quelqu’un m’aime... assez pour comprendre que je n’ai rien voulu de tout ça.

Son hésitation me fit rire, il ne se rendait pas compte de ce qu’il disait, enfin, si à moitié et c’était vraiment adorable de sa part. Je posais ma main par-dessus la sienne.

« Ne t’inquiète pas, c’est à moi de gérer ça, j’y arriverais »

De toute façon, c’était obligé, je ne me laisserais pas faire j’avais enfin de quoi lutter vraiment... alors c’était impossible, même si j’allais surement devenir fou tôt ou tard, je ne voulais pas laisser cette chose m’abimer encore une fois. Je me suis rendu compte qu’avec tout ça je ne lui ai pas rendu son « je t’aime » et donc, je lui ai dit il avait l’air content et ça suffisait à ce que je me sente un peu mieux. Je lui demandais si ça lui plaisait aussi et puis il m’a dit oui.

« Ah... oui, disons que quand j’ai commencé à mal tourner... que j’suis rentré dans la mafia j’ai pris cette maison et puis... cette vieille dame comme tu dis. Elle avait deux petits garçons moi, j’étais presque le troisième le délinquant, quand j’étais un peu trop méchant ou que je disais des choses qui ne lui plaisaient pas... elle m’en faisait baver ! Oh ça... je crois que, c’est grâce à elle que je suis comme ça aujourd’hui, jveux dire... que j’suis pas comme tous ceux de la mafia. C’est la seule qui avait assez de cran pour me taper dessus quand je faisais une connerie ! C’est un peu ma maman... ses deux fils sont hyper jaloux d’ailleurs, mais, elle les aime très fort. Elle n’est pas au courant pour mon problème... j’espère qu’elle ne le découvrira jamais »

Je me massais l’arrière du crâne, puis finalement sentit quelque chose entre mes jambes, si bien que je regardais Jung Min, livide, est-ce qu’il le faisait exprès ? Non, apparemment vu sa question. Je déglutis difficilement, passant ma main sous la table en essayant de faire preuve d’humour même si j’étais très gêné, ça réveillait des choses en moi que... que je n’aimais pas beaucoup.

« Tu sais, si tu voulais un massage, tu n’avais qu’à demander hein... »

Je souris gentiment, remettant son pied ailleurs, contre la chaise s’il voulait, mais... mais pas ici, sinon j’allais vraiment craquer alors que je faisais beaucoup d’efforts.

« Je hm... vraiment désolé, ça ne serait pas aussi gênant si... je n’étais pas comme ça. »

La tout de suite je m’en voulais vraiment, pourquoi moi... pourquoi même quand j’avais quelqu’un de bien, qui me comprenait, pourquoi est-ce que ça faisait ça... je me pris la tête entre les mains pour les passer dans mes cheveux et finalement, me redressait sans me lever. J’avais fini mon plat, alors... je me levais pour le débarrasser, posant ma main sur l’épaule de Jung Min pour l’intimer à continuer s’il avait encore faim.

« Ne te dérange pas, je reviens dans deux secondes »

Ah c’était sur qu’il n’allait pas bouger, repos j’avais dit ! Et puis... je n’avais pas besoin d’une boniche, j’avais besoin de lui près de moi, pas de cette façon-là. Je suis revenu, je l’ai regardé de dos... c’est vrai que cette maison était vide. J’ai longtemps pensé à avoir un animal de compagnie. Le chat... je crois que le chat, je me battrais avec, mais le chien, c’est une bonne idée... je ne sais pas, j’en parlerais à Jung Min. D’ailleurs, je me mordis la lèvre à cette pensée, l’enlaçant par-derrière sans le déranger pendant qu’il mangeait.

« Tu sais... j’ai pensé, là tout de suite... à un animal de compagnie... puis, je me suis dit, comme on va beaucoup se voir... si tu voulais m’aider à choisir ? Tu... tu aimes l’idée au moins ? Enfin, non, mange d’abord, on a tout le temps pour en parler après »

J’ai parlé de ma vieille dame qui a su s’occuper de moi et j’ai rit avec Jung Min, forcément, il allait la remercier pour le repas et aussi pour m’avoir élevé le plus correctement possible. Il avait raison, sans elle, je n’aurais peut-être pas été aussi gentil, je n’aurais surement pas reconnu le collier, car je n’aurais pas pris la peine de passer plus d’une nuit... mais, fort heureusement, les évènements de ma vie aussi minable soit elle avaient fait en sorte qu’on en arrive à ce scénario aujourd’hui et j’étais bien content.

J’ai voulu débarrasser et je lui ai fait peur en revenant, à ma plus grande surprise il avait l’air très content surtout à l’idée d’avoir un chien, je l’aurais pensé plutôt chat, mais c’est bien comme ça du coup, et question pratique aussi... un chat, c’est vraiment pas ce qu’il faut dans cette maison, c’est calme et ça fait décoration (non, évidemment, Kimi est une exception, je crois, XD). Je m’excusais pour mon problème, encore une fois, mais il m’assura que ça n’était pas grave. Je me mordis la lèvre puis, sourit quand même en répondant.

« Ah, je ne savais pas que tu aimais autant les animaux, j’aime beaucoup les chiens et, je ne sais pas en fait, tous les grands chiens sont bien, c’est préférable qu’un petit truc qui se promène et se perd dans cette immense maison, non ? Tu as une idée ? On ira voir ensemble de toute façon »

C’était certain, je n’allais pas y aller seul ou sans son accord, je veux dire, pourquoi est-ce que je lui proposerais si c’est pour ne pas qu’il vienne ? Bref, il était content et ça me faisait vraiment plaisir. J’allais reprendre la parole, mais, quelqu’un est en train de venir, alors... je pousse doucement Jung Min dans une armoire sans me rendre compte qu’elle n’est pas fermée correctement, mais comme je suis à table je cache à peu près... et puis de toute façon, un cadavre... bah, c’est pas le mafieux qui vient d’arriver qui serait choqué. Il me demande à quoi je joue, pourquoi « Micky » a été si rapidement promut et surtout, retiré du marché... si j’en pinçais pour lui et d’autres que je n’appréciais pas, mais je devais être professionnel, alors je restais neutre.

« Il était dans un sale état à cause du dernier client, il est trop fragile pour que je remette sur le marché... à la place, tu as le gros lard qui doit payer sa dette. Tu n’es pas content ? Moi, je fais une meilleure affaire... payer les frais d’hôpital pour à chaque fois le remettre, non... et ne pas payer, il aurait fini par crever. »

Je bus tranquillement m’apercevant qu’il y avait toujours le verre de Jung Min sur la table, d’ailleurs, il ne manqua pas de l’observer. Je restais calme, même si intérieurement j’aurais bien voulu qu’il se tire ou qu’il ne soit pas venu tout simplement. On a plaisanté... où du moins je me forçais à sourire, ayant un regard plus mauvais pour lui qu’à l’intention de Micky... on devait parler de ces choses... qui me rendent complètement fou, du fait qu’il vend son corps et ne soit que ça... du fait qu’il sache y faire... et j’en passe, ça m’écœurait !

« Quand à mes sentiments, j’espère que tu plaisantes... il n’aurait été rien de plus qu’un jouet... autre chose ? Le verre ? Pour le cadavre dans le placard, j’ai diné avec un gars qui devait nous rendre des comptes. Ça te va ? Maintenant, si tu pouvais déguerpir, à moins que tu n’ais quelque chose de plus utile à me dire... mais si c’est simplement pour ça que tu es venu, alors tu peux dégager... je n’aime pas que l’on me dérange pendant et après mangé... »

Bien sur, ce que j’avais dit à propos de l’artiste n’était absolument pas vrai, je ne pris pas la peine de l raccompagner, il avait bien fermé la porte et je dus attendre quelques minutes pour être certain d’entendre la voiture jusqu’à ne plus l’entendre justement. Une fois fait, je retournais vers Micky... pour ouvrir les portes de l’armoire et le récupérer, le regard sombre encore, mais triste plus que mauvais. Je lui tendais ma main pour finalement me baisser devant lui.

« Je ne pensais pas... un seul mot de ce que j’ai dit... à propos de toi, à propos de nous... ne m’en veut pas, je dois sauver les apparences pour qu’on soit un peu tranquille et l’inverse est valable, tu peux me traiter comme le pire des enfoirés devant tout le monde... que je n’aurais rien le droit de dire, ou presque... »

Une bien piètre compensation, il passait pour quelque chose qu’il n’était pas et moi pour le boss pourri tout simplement, mais, ce n’était pas non plus agréable de savoir que l’être qu’on aime doit dire ces choses, s’il les disait, je me sentirais mal quand même... et... je compte bien me rattraper à chaque fois que je devrais me conduire comme ça...

Je soupire, puis, le tire contre moi doucement, pour le ramener dans la chambre, le déposant sur le lit en prenant soin de fermer la porte, juste comme ça, pas à clé, ce serait suspect et puis... je n’aime pas. Je tire les rideaux, j’allume une lumière pour tamiser légèrement la pièce, puis je m’assois à côté de lui.

« Je suis désolé... c’est une des choses que nous allons devoir supporter, mais je comprendrais que ça soit difficile... mais... je t’aime, quoi que je puisse dire d’autres à tout le monde... il n’y a que toi qui sache la vérité... je t’aime, sincèrement. »

J’espérais en fait, qu’il me croirait, et je n’avais pas envie qu’il se mette à pleurer ou à crier qu’il me déteste... je ne suis vraiment pas doué dans ce genre de situation... alors voilà, c’était le moins que je pouvais faire, lui dire que je l’aime...

« On choisira ensemble j’ai dit, eh oui, ces chiens sont très beaux ! moi... je ne sais pas vraiment, on va dire que n’importe quel grand chien du moment qu’il nous plait conviendra... bon, il faut aussi qu’on lui plaise je suppose... bizarrement les chiens m’aboient souvent, sans pour autant me sauter dessus »

Je n’ai pas eu le temps de demander ce que les animaux faisaient quand il passait qu’un de mes « collègues » était déjà là... alors voilà, j’ai du dire des choses que je ne pensais pas, il est parti, la vieille dame, comme j’aime l’appeler me regardait comme si elle était désespérée de devoir accueillir ce genre de personne, mais elle était contente au fond que je ne sois pas devenu comme eu, j’en étais sur. Bref, je retourne vers le placard, je savais qu’il ne vérifierait pas et j’ai pris Jung Min contre moi qui me frappais faiblement pour me dire qu’il n’aimait pas ça. Je n’aimais pas non plus...

Je l’entrainais sur le lit pour le calmer, lui expliquant que je l’aimais vraiment et que pour l’instant on devrait faire avec. Et il m’a demandé si ça changerait un jour, alors, avec un petit sourire j’ai répondu du mieux que je pouvais.

« Je ne peux pas te le promettre, mais je ferais tout mon possible pour que ce soit le cas, pour qu’on puisse être loin de tout ça un jour, généralement j’arrive à faire ce que je veux alors... penses y plus en positif qu’en négatif, d’accord ? »

Pas de réponse, en fait il s’est endormi, épuisé, j’imagine, qu’il n’avait pas encore récupéré totalement. Alors je m suis allongé avec lui, je l’ai pris dans mes bras un moment, puis je me suis tourné... c’était mauvais, d’être si proche... je me suis endormi finalement, la bouche ouverte, comme un con... et quand je me suis réveillé, j’avais affreusement chaud, quelqu’un s’amusait à m’embrasser, je devinais Jung Min, qui me chatouillait parfois les côtes. Quand j’ai ouvert les yeux il était au-dessus de moi, prêt à m’embrasser, et je n’ai pas hésité à le faire alors que je m’étonnais durant l’échange qu’il me caresse un peu partout, je ne savais pas qu’il était si... entreprenant ? Dès le matin ?

Plusieurs petits baisers échangés, je caressais sa nuque, me mordant la lèvre en posant mon front sur le sien. Le regard plongé dans le sien.

« Bonjour ? ~ Tu sais... si tu m’habitues à ce genre de réveil, ça va être difficile de te résister ! »

J’avais envie de lui donner une leçon, qui allait surement se retourner contre moi, mais j’étais assez grand pour gérer mes problèmes seul. S’il le fallait, rien à fichtre, je m’enfermerais dans la salle de bain à suffoquer pendant quelques longues minutes... mais, pour l’instant j’allais profiter un tout petit peu, essayant de penser à autre chose en allant l’attraper par les hanches pour rouler sur le côté et aller l’embrasser, le mordre aux lèvres, au cou, à l’épaule, sans lui faire mal. Je profitais en fait... qu’il soit si dynamique pour le pousser un peu plus à bout au risque de me perdre un peu, quelques ondulations par-ci par-là pour entendre sa jolie voix et je lui souriais en me mettant sur le côté. S’il voulait plus il n’avait qu’à demander, mais j’avais peur de le forcer alors... il allait devoir demander à chaque fois pour que je ne fasse pas de connerie... j’y suis tellement habitué, que j’en ai peur.

Malheureusement, je contrôle encore très mal mon corps, j’étais presque en sueur, à me mordre la lèvre, la moitié du corps bien caché sous le drap... pour ne pas l’alerter et qu’il se sente coupable. Dans un autre sens, je venais de réaliser...

« Ne crois pas que j’en ai pas envie... je veux juste... en fait, que tu ne te forces pas et puis... »

Non, je devrais peut-être me taire et arrêter là, mais non voilà... je suis vraiment bête quand je m’y mets... du coup, il va savoir, même s’il devrait déjà savoir...

« J’ai peur de te faire mal »

Je sais qu’il n’est pas en sucre, mais j’ai quand même le droit d’avoir peur qu’il ait encore plus mal, ou bien de lui en faire en me laissant emporter, depuis le temps qu’on est ensemble, ce n’est pas beaucoup en fait, mais c’est déjà assez pour que ma folie me prenne et combinée avec une véritable envie, j’imagine que ça pourrait devenir infernal et incontrôlable, il allait devoir mettre le holà... il allait me voir très faible soumis à cette pulsion que je déteste... mes plus bas instincts... j’étais assez torturé, mais je n’y pensais pas trop, lui souriant, assez mal à l’aise, c’était assez bizarre, je lui avouais tout, sans rien lui cacher et je ne faisais pas ça avec tout le monde. Il n’y avait qu’une personne comme ça, c’était cette vieille dame... elle était un peu comme une mère... alors Jung Min était très important.

« Bref oublie ça, tu as faim ? »

Je ne remarque pas tout de suite le double sens... non, l’habitude de poser des questions naturellement sans faire allusion à ce boulot de m*rde que je fais... ou celui encore pire qu’il faisait. J’avais envie qu’il dessine d’ailleurs, on allait devoir faire des choses aujourd’hui, organiser des trucs, le préparer à ce qu’il puisse faire ce boulot dont je lui avais parlé, mais... on avait tout notre temps, le matin c’est assez sacré... enfin, presque... disons, surtout aujourd’hui ? C’était aussi l’une des premières fois où je me réveillais avec quelqu’un... et je souriais encore plus bêtement à l’occasion, sans lui dire, j’en oubliais mes mots en fait !

Pour un premier réveil, c’était vraiment pas mal, j’avais vraiment très envie que ça continue, mais on allait devoir faire attention, bref, je savourais en faisant attention, mais... je me laissais bien vit emporter et j’ai fini par repousser un peu Jung Min pour ne pas lui faire de mal, chose qu’il ne comprenait pas très bien, mais... il valait mieux que je le lui dise, qu’il ne commence pas à se poser des questions sans rapport. Alors... il s’est mis en face de moi, il m’avait dit qu’il n’avait pas peur, mais moi oui...

La première fois, passait encore, je me contrôlais plus ou moins, mais avec quelqu’un que j’aime sincèrement, je ne sais pas de quoi je suis capable... je sais qu’il me supportera moi et mes problèmes, mais jusqu’à quand ? Jusqu’à ce que je lui pète un os ? Ou que j’aille trop loin ? Je soupirais, posant mes mains sur les siennes en changeant de sujet, il avait faim... mais il voulait me faire une surprise et je craignais le pire.

Donc... j’ai souri assez timidement, avant de vouloir demander quoi, mais il ne m’en avait pas laissé le temps. C’est vraiment pas juste ça ! Enfin, j’ai vite compris que ça avait un rapport avec ce qu’il avait voulu faire quelques minutes plus tôt... hm, de toute façon avec de l’eau ou pas je ne lui ferais pas mal... hors de question que je le touche il avait déjà assez subi comme ça. J’étais quand même mal à l’aise, autant que lui en désignant ce que je cachais sous la couverture... vraiment, j’avais honte d’être comme ça, je ne pouvais pas me contrôler, j’avais l’impression d’être un animal, c’est terriblement frustrant.

« Je n’ai pas vraiment envie de te sauter dessus... comme un fou de ça... alors... j’espère que ta surprise sera sans risques ? »

Je me levais quand même, lui tirant la main pour qu’il s’approche... en fait, je me sentais coupable de l’avoir repoussé pour ça... c’était stupide, j’étais stupide en fait... mais, je n’avais pas trop le choix, je devais donc faire avec, à petite dose. Je l’enlaçais, l’embrassais dans le cou, l’embrassait tout court en lui caressant seulement le haut du dos et surtout en évitant de me coller à lui, non pas que ça me gênerait, mais j’ai comme qui dirait un problème de taille... génial, vraiment, ça choisi toujours ce genre de moment... heureusement que ce n’est pas en « réunion » quand même... j’ai pas à me plaindre de ça.

« J’aurais voulu t’offrir une vie normale... on va essayer de faire avec, hein... et puis... je vais faire de mon mieux pour qu’on en ait une bientôt... enfin, d’ici... un an ou deux, d’accord ? Tu crois que tu tiendras ? »

J’avais envie qu’il tienne... je ne tiendrais pas longtemps sans lui... c’était comme si, parce qu’il était là avec moi maintenant, je n’avais plus de raison d’être « sage » d’attendre d’aider ici encore, de faire ce boulot minable et impitoyable...

Bref, je ne devais pas penser à ça. Je l’entrainais donc vers la douche, montrant que je faisais l’effort même si pour moi, je pense que ça va être un supplice... je ne sais pas ce qu’il me réserve, mais si tous les matins il me fait faire quelque chose... je vais redouter d’ouvrir les yeux trop tôt ! Enfin, je n’ai pas le droit de dire ça, je ne sais même pas encore, et puis si ça se trouve, j’allais apprécier, fort possible... pour lui, en tous les cas... je céderais tout... il avait intérêt à le comprendre, c’était tellement rare que je sois si docile et que je me laisse faire surtout, aussi rapidement. C’était un peu comme s’il apprivoisait l’animal... mais, il était encore là celui-là... c’était ça le problème, je n’avais aucune certitude qu’il ne reviendrait pas si jamais Jung Min arrivait à l’apprivoiser...

« Ah... ce que je ferais pas pour toi hein... vraiment »

Dis avec un petit sourire mi-angoissé, mi-amusé... c’est comme essayer de me rattraper sur la connerie que j’ai été forcé de dire hier... lui, un jouet, jamais. En fait, je lui en donnais un peu la preuve comme ça, c’était lui qui gérait... c’était lui qui tentait ce qu’il voulait, je suivrais, je n’ai pas le choix, j’en ai envie aussi... s’il peut m’aider, alors je prends, j’ai tout essayé de toute façon, enfin, presque, y’a des choses assez bizarres que j’ai voulu éviter et je crois que j’ai bien fait. Enfin, voilà... on est dans la salle de bain donc... et... j’essaye de me calmer, de ne pas avoir d’idée, en même temps, j’en ai pas forcément besoin pour être dans un état second... bravo le corps... tu gères bien... trop connecté avec le cerveau. Bref.

« Tu comptes faire quoi ? Je peux te demander hm ? »

Maintenant, je pense qu’il peut me dire non ? Oh... je viens de penser, dans une douche... lui et moi... j’écarquille les yeux, non, il ne va pas faire une connerie j’espère ? J’hésite à me déshabiller là, d’un coup... déjà que c’est flagrant, ça va l’être encore plus et puis ça va surement le mettre mal à l’aise ? C’est comme si... je me sentais aussi sale que ces hommes qui prenaient plaisir à le toucher... sans se soucier de qui il était... je me sentais assez sale pour ça et je déglutissais, restant comme un c*n devant la cabine de douche.

« Oh... »

En souriant, est-ce que je devais vraiment entrer ? Bon, de toute façon il n’allait pas me laisser le choix et j’étais curieux de savoir, alors... j’attendrais ses « ordres »... je ne pouvais faire que ça...