Il m’encourageait, il y croyait vraiment et à vrai dire je voulais y croire, mais je suis plutôt pessimiste, j’ai peur des récidives et du pire, on ne sait jamais, alors je fais attention quoi qu’il arrive. Je me mords la lèvre pour finalement le laisser filer devant moi et écouter les précieux conseils de ma maman de substitution avant qu’il ne nous prépare quelque chose et bien sûr je faisais exprès de me mettre dans ses pattes quand taepung n’était pas dans les miennes, c’était un joyeux bordel, mais qu’importe, au moins on se sentait « normaux ». Je me gratte finalement la nuque et on passe à table et je le complimente, il sait déjà ce que j’en pense rien qu’à me voir aussi silencieux, c’est pas si rare que ça, mais disons que, quand je mange avec autant d’appétit, forcément, je ne réponds même plus aux questions avant d’avoir vidé mon assiette ! Même si je me ressers ! Enfin, je partage bien sûr, on n’est pas tout seul et je suis ravi ! ça fait vivre un peu cette maison, elle en avait bien besoin.

On finit par remonter dans la chambre et il commence à chercher sur internet quelque chose, je ne sais pas vraiment ce qu’il trafique, mais je le laisse faire, je zieute la télé. En fait, je l’espionne plus que je ne regarde l’écran de télévision, c’est idiot, mais je suis curieux. J’ai raison parce qu’il me demande, et je grogne en guise de réponse, comme si j’étais vraiment absorbé par l’émission stupide qui passait... maman à 17 ans, sincèrement, quand je pense à ce qu’il se passe dans nos rues... je me demande comment est-ce qu’elles font pour se foutre dans la m*rde comme ça, enfin, au moins elles feront pas tellement des malheureux vu les familles... et elles assument, malgré tout... j’espère que les parents, derrières, assument eux aussi, parce que des gosses qui élèvent des gosses... bref, mine de rien je me sentais un peu concerné, c’était un peu le quotidien... pas pour les mêmes raisons cela dit.

« Ah... à moins d’avoir une excellente raison d’aller ou tu veux qu’on aille... je ne pourrais pas, ça ne se fait pas vraiment dans le milieu, sauf si vraiment y’a quelque chose à y faire... tu aurais une idée ? »

On avait bien besoin de vacances, j’imagine déjà à vrai dire, j’aimerais beaucoup, mais j’ai peur que ce soit pris comme une fuite aussi du côté de ses supérieurs... et ça, c’est pas bon ni pour lui, ni pour moi. Je réfléchis deux minutes... tout dépend des endroits, on peut prétexter un client... oui, c’est un peu ridicule, mais ça se fait ça, le client souvent riche ne se déplace pas... c’est la « victime » qui se déplace à lui. Reste à trouver notre alibi... là, c’est plus délicat... ou bien autre chose ? Une affaire d’un client impayé ? d’un bras cassé et qui n’a pas été « dédommagé » ? C’est compliqué et je ne suis pas vraiment une tête, je suis prudent, mais pour trouver quoi faire là, y’a plus personne...

« Aish ! C’est tellement compliqué, ça me donne mal au crâne... »

Pour la peine, voyant que lui il avait le sourire et qu’il avait surement trouvé, je l’empêchais de parler, par des baisers et des caresses bien placées, je savais aussi que c’était mal de l’embêter comme ça, surtout après notre nuit, mais bon, il l’a voulu aussi, alors je fais un peu ce que je veux et il sait dire « non » à ce que je sache. Le pire, je crois c’est que je ne vais pas lui donner satisfaction, c’est vraiment pour l’embêter. Il va vouloir me tuer, mais il m’aimera quand même, de toute façon ! Et puis, c’était un la meilleure des façons pour lui faire oublier la solution, lui faire perdre ses neurones ! Ahah !

Il cherche un moyen et moi j’essaye d’y échapper, pas que je veux pas, je pense que ça nous ferait du bien à tous les deux, c’est vrai, mais je sais pas, j’ai envie d’autre chose, de penser à rien, de le prendre dans mes bras, de rester comme ça, dans le silence, enfin... pas vraiment, pour le faire taire je le caresse et je le fais rire avant qu’il ne s’assoie sur moi. Il me dit qu’on pourrait utiliser ça, mais à bien y réfléchir...

« Et justement ça leur donnerait raison, alors que si je veux passer pour quelqu’un de crédible, j’ai pas à fuir, et ça ils le savent... mais bon, on peut faire ça oui, c’est pas une mauvaise idée. Et tu voudrais partir où exactement ? Tu as une idée en tête ? »

Je lui propose, mais je continue de le déstabiliser, je le mords parfois sur l’épaule, je tire ses hanches contre les miennes. Je sens que je ne vais pas trop tenir, comme quoi je fais des efforts, mais bon, je perds vite aussi, quand il s’agit de lui. Je viens lui souffler dans l’oreille, puis j’attends qu’il réponde, je le chatouille parfois, mais en fait, c’est pour mieux lui retirer son haut, je ne vais rien faire de bien méchant, juste le frustrer un peu. Je le fais bascule, décalant l’ordinateur qu’il tenait pour ne pas le faire tomber et aussi, pour ne pas l’écraser et je fais descendre mes baisers jusqu’à son jean, que je défais légèrement pour mieux remonter et y glisser une main.

Puis finalement, je le caresse doucement, avant de retirer ma main et de me redresser, le tirant contre moi. Je croise les bras, un sourire vainqueur, dans un silence qu’il ne va pas comprendre et ça me fait vraiment sourire, oui.

« Tu ne m’as toujours pas répondu, tu as perdu ta langue ? »

Je sais qu’il ne fait pas jouer avec le feu, mais j’aime quant il me brule, alors je profiter et je sais qu’il voudra faire la même chose, ou peut-être pire ? Qui sait ? Mais j’ai bien aimé l’embêter hier soir, du coup je recommence. Je le tire contre moi, pour un câlin improvisé, et je m’allonge, j’ai encore sommeil ? Non, en fait j’ai juste besoin de lui, pour me calmer, pour tout en fait.

Il faut que je sorte Tae Pung, je l’entends crier et ça me fait rire quand j’imagine la maitresse de maison promener ce gros chien, elle pourrait faire le drapeau, ça, c’est moins drôle du coup je ne l’autorise pas à le promener.

« Tu viens avec moi ? Ou bien tu veux promener Tae Pung ? Non, laisse, je reviens vite, toi tu restes là et si ma nourrisse dis qu’il n’y a personne, assez fort ou qu’elle fait tomber une casserole, tu te planques dans l’armoire, c’est qu’il y a quelqu’un. Bref, c’est con, mais c’est une précaution à prendre, on ne sait jamais »

Je vais donc promener le chien, et il n’est pas trop lent, ça va. On joue même cinq petites minutes et puis on finit par rentrer. Pas un bruit, personne ? Je m’inquiète, Tae Pung ne renifle pas les odeurs, il n’y en a donc pas, si ? Ou bien il n’est pas assez entrainé, ou il s’en fiche ? Je monte les escaliers pour voir, mais je ne vois personne, je commence sérieusement à m’inquiéter, il est où ?

Je cherche et je finis par sursauter en le sentant derrière moi, j’aurais pu le foutre K.O , mais bon, heureusement je le connais par coeur...

« Tu m’as fait peur, ne refais pas ça, d’accord ? »

Jung Min était en train de couiner et ça me régalait, je lui souriais mine de rien, mais il voulait aller à Jeju. Je ne savais pas vraiment quoi lui dire... j’en avais envie, peut-être que je devrais commencer par là ?

« C’est pas que je veux pas, tu le sais très bien »

J’espère que c’est assez rassurant ça ? Normalement oui, parce qu’il sait que je lui aurais dit non clairement sinon, sans vouloir le vexer, même si c’est assez délicat comme sujet, tout le monde a besoin de décompresser et nous... bah on peut pas vraiment en fait, c’est frustrant et d’autant plus dans la situation dans laquelle nous sommes. Je soupire, puis m’amuse encore et finalement, j’ai droit à un baiser avant d’être traité de vieux, déjà, et de coquin, mais ça, je savais déjà.

« Je suis vieux maintenant, han ? »

Je me vengerais autrement ~ peut-être que nos séances de sports un peu réduites par ma vieillesse auront raison de ces mots là ! Ah ! Je suis sadique, mais je n’aime pas qu’on me traite de vieux, enfin, c’est pas spécialement du sadisme non plus, c’est un jeu entre nous plus qu’autre chose, heureusement. Je n’aimerais pas être sadique en plus de mes problèmes, il ne manquerait plus que ça !

Je le laisse un moment pour promener le chien et finalement quand je rentre il me fait la frayeur de ma vie. J’ai fini par le garder contre moi, encore.

« Ne t’excuse pas, c’est pas grave »

Si... mais bon, je pense qu’il a compris que je ne plaisantais pas quand je disais avoir peur qu’on s’en prenne à lui. Il me parle de vivre ensemble et je trouve ça assez rassurant, surtout que là, y’a moyen de trouver une solution, y’a déjà plusieurs chambre, il faudra un petit rituel qu’il défasse son lit tous les jours, et qu’il se montre plus sévère que moi, mais sinon ça devrait le faire. J’ai envie de lui faire une blague... même si ça ne sera pas pris pour ça au départ. Je le regarde, d’un air grave sans rien dire, jusqu’à ce qu’il me pose des questions, puis s’inquiète un peu et finalement, je le tiens par le bras, pour lui sourire.

« ça va, arrête de croire que je vais tout refuser, tu sais bien que je voudrais qu’on ai des vacances, il va falloir se débrouiller, on peut bien tenter quelque chose si tu veux, et puis pour emménager, y’a quelques conditions qu’on va devoir respecter toi et moi, rien qui nécessite quelque chose qu’on a pas déjà fait... donc oui... si tu veux ~ »

Je n’aime pas quand il me fait la tête, qu’il me dit qu’il comprendrait si je voulais pas, alors que oui, je veux, cet air triste qu’il avait, ça me tue. Je soupire et je le chatouille encore, vraiment, il va devoir arrêter de me faire ces yeux de chiens battus, parce que je vais pas supporter longtemps de passer pour le méchant et surtout, de pas pouvoir lui donner ce qu’il veut sous prétexte que j’ai mal tourné comme un abruti...

« Allé, faut qu’on trouve une idée pour jeju maintenant, il ne nous reste plus que ça à régler, non ? »